Le requin Mako. Article exclusif par Alessandro De Maddalena pour SMF

Publié le 18 Fév, 2021

Le requin mako ou taupe-bleu (Isurus oxyrinchus) est sans aucun doute l’un des prédateurs marins les plus fascinants. Les caractères morphologiques qui permettent de l’identifier comprennent notamment le corps fortement effilé, le museau conique long et étroit, la nageoire caudale en forme de croissant avec le lobe inférieur presque aussi long que le supérieur, la carène caudale bien développé, les cinq très longues fentes branchiales, les dents longues, étroites et courbés avec les marges coupants et proéminents dans la mandibule, le couleur bleue sur le dos et avec de forts reflets métalliques sur les flancs.

 

Il existe une autre espèce de requin mako, le petit-taupe (Isurus paucus), qui est beaucoup plus rare et à bien des égards encore peu connue. Tous deux font partie de la famille des Lamnidae (autrefois appelée Isuridae), dans laquelle on retrouve également le grand requin blanc (Carcharodon carcharias), le requin taupe (Lamna nasus) et le requin saumon (Lamna ditropis).

Le mako est une espèce particulièrement active et le plus rapide de tous les requins. Les caractéristiques morphologiques mentionnées ci-dessus, en particulier le museau conique, les grandes carènes caudales et la nageoire caudale en croissant, la rendent incroyablement hydrodynamique. Les grandes fentes branchiales lui fournissent la quantité élevée d’oxygène requise par ses performances de nage élevées. De plus, une structure anatomique particulière au niveau du système circulatoire, appelée  » rete mirabile  » c’est à dire le rèseau admirable, lui permet de réduire la perte de chaleur de son corps avec pour résultat d’avoir une plus grande quantité d’énergie disponible. Les estimations de la natation du mako ont indiqué que sur de courtes distances il pourrait atteindre des vitesses comprises entre 60 et 100 km par heure.

Le mako est une espèce typiquement pélagique, que l’on trouve sur les plateaux continentaux et insulaires, sur la partie supérieure des escarpements et également dans les bassins océaniques, à des profondeurs allant de la surface à au moins 417 m. En général, les jeunes spécimens peuvent être trouvés dans des eaux moins profondes que les adultes. Il a une distribution très large dans le monde entier, préférant les eaux tropicales et tempérées, et s’aventurant également dans les eaux froides, dans les océans Pacifique, Indien et Atlantique, y compris la mer Méditerranée.

Le mako est un redoutable prédateur dont le régime alimentaire comprend des poissons osseux, des requins, des raies, des calmars, des crustacés, des cétacés, des pinnipèdes, des tortues de mer, des oiseaux, des salpes et des porifères. Si nécessaire, il agit également comme un charognard, se nourrissant de carcasses. Les dents du mako lui permettent d’attraper même la proie la plus rapide, car une fois que le requin est capable de resserrer son emprise sur une proie, les efforts pour s’échapper de cette dernière ne font que pénétrer plus profondément dans le corps les dents pointues et courbes du requin.

Alors que chez le jeune mako, les dents sont petites et minces, chez l’adulte, elles deviennent très fortes et développées en longueur, avec les marges coupants comme des lames. Cela permet au mako de passer d’un régime basé essentiellement sur les petits poissons et mollusques à un régime plus large qui comprend également les gros poissons et les mammifères marins. Parmi les proies du mako adulte se détachent l’espadon, le marlin et le voilier, proies inaccessibles pour de nombreux autres prédateurs, que le mako parvient à capturer grâce à des attaques surprises, effectuées en nageant par le bas à très grande vitesse.

Le mako vise surtout à mordre le pédoncule caudal de sa redoutable proie, de manière à couper la nageoire caudale et à l’immobiliser. Parfois, c’est le mako qui est gravement blessé ou tué dans ces affrontements, comme en témoignent les épées retrouvées coincées dans le corps de certains spécimens de mako.

La femelle du requin mako atteint sa maturité sexuelle entre 270 et 300 cm de longueur, tandis que le mâle à environ 200 cm. Le requin mako est une espèce vivipare aplacentaire. La femelle produit des embryons qui complètent leur développement dans l’utérus en puisant leur nourriture à la fois dans le sac vitellin et en se nourrissant d’œufs non fécondés spécialement produits par la mère (oophagie). La gestation est extrêmement longue, de 15 à 18 mois. Le nombre de petits par portée varie entre 4 et 25, et ceux-ci à la naissance mesurent entre 60 et 70 cm de long.

En règle générale, les makos préfèrent rester à l’écart des humains, mais ils peuvent parfois s’approcher des plongeurs et lorsque cela se produit, ils doivent être traités avec une extrême prudence, car leur grande force et leur rapidité de mouvement rendent difficile leur contrôle. Bien que les attaques contre les humains soient exceptionnellement rares, une morsure de cette espèce peut causer de graves dommages, voire être mortels.

Les plus gros requins mako enregistrés à ce jour ont été capturés en mer Méditerranée: une femelle d’une longueur estimée à 585 cm capturée à Marmaris en Turquie à la fin des années 1950, une femelle de 445 cm capturée à Six-Fours-Les-Plages en France en septembre 1973, et un spécimen de 425 cm capturé à La Galita en Tunisie le 24 septembre 1876. Cependant des spécimens de cette taille ne sont pas la norme, mais des cas tout à fait exceptionnels. La longueur moyenne de l’espèce est d’environ 2 mètres, et les spécimens de plus de 3 mètres sont très rares.

Le requin mako est actuellement en diminution dans une grande partie de son aire de répartition, ce qui doit être attribué à plusieurs facteurs. Le requin mako est une espèce recherchée sur le marché, car sa viande est d’excellente qualité, à tel point qu’il a été souvent vendu comme espadon. Sa viande est également considérée comme excellente pour le sushi, et les ailerons sont parmi les plus recherchés pour la soupe d’ailerons de requin qui est un plat typique de la cuisine orientale.

Le mako fait également partie des espèces les plus pêchées comme by-catch, c’est-à-dire comme prise accessoire dans les opérations de pêche visant d’autres espèces, en particulier avec les palangres pélagiques utilisées pour la pêche au thon et à l’espadon. Comme si tout cela ne suffisait pas, le mako est aussi l’une des espèces les plus appréciées des pêcheurs sportifs, pour sa grande taille, son caractère combatif et sa tendance à sauter hors de l’eau pour tenter de se libérer de l’hameçon. La protection dont jouit actuellement le mako dans plusieurs Pays à elle seule ne sera pas suffisante pour arrêter le déclin de l’espèce, si en plus de la pêche dirigée, les activités de pêche dans lesquelles les captures de mako constituent un contournement ne sont pas arrêtées.

Alessandro De Maddalena

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