Le requin de Bornéo

Publié le 26 Fév, 2016

Le Requin de BornĂ©o (Carcharhinus borneensis) est une espèce de requin de la famille des Carcharhinidae. Il est extrĂªmement rare, et on le rencontre exclusivement dans les eaux cĂ´tières autour de Mukah au nord-ouest de BornĂ©o, bien qu’il ait Ă©tĂ© autrefois beaucoup plus rĂ©pandu.

C’est un petit requin gris atteignant 65 cm de long. Il a un corps Ă©lancĂ© avec un long museau pointu et seconde nageoire dorsale de petite taille situĂ©e juste derrière l’origine de la nageoire anale. Cette espèce est la seule de son genre Ă  prĂ©senter une rangĂ©e de pores dilatĂ©s au-dessus des extrĂ©mitĂ©s de sa gueule. Carcharhinus_borneensis

On ne sait pas grand chose du comportement et du cycle de vie du Requin de BornĂ©o. Il est vivipare, comme les autres requins de sa famille. La femelle a des portĂ©es de 6 jeunes en moyenne, qui sont alimentĂ©s tout au long de la gestation par une connexion au placenta. L’Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN) a dernièrement classĂ© l’espèce comme en danger, alors qu’elle n’avait pas Ă©tĂ© vue depuis 1937. Bien que depuis une population a Ă©tĂ© dĂ©couverte, le Requin de BornĂ©o continue de bĂ©nĂ©ficier de ce statut de sauvegarde au vu de sa faible aire de rĂ©partition dans des eaux qui font l’objet d’une pĂªche intensive.

Description
Le Requin de BornĂ©o a un corps mince et Ă©lancĂ©, avec un long museau pointu et des narines obliques en forme de fentes partiellement recouvertes par d’Ă©troits volets de peau. Les yeux sont plutĂ´t grands et circulaires, et Ă©quipĂ©s de membranes nictitantes. Les extrĂ©mitĂ©s de la gueule se prolongent par de courts sillons indistincts, et immĂ©diatement au-dessus on trouve une rangĂ©e de pores dilatĂ©s qui sont uniques dans ce genre. Il y a 25 Ă  26 rangĂ©es de dents sur la mĂ¢choire supĂ©rieure et 23 Ă  25 sur la mĂ¢choire infĂ©rieure. Les dents supĂ©rieures ont un seul tranchant oblique, avec des bords fortement dentelĂ©s et des cuspides sur la face arrière. Les dents infĂ©rieures sont similaires, mais ont tendance Ă  Ăªtre plus minces et plus finement dentelĂ©es. Les cinq paires de fentes branchiales sont courtes.

Les nageoires pectorales sont courtes, pointues, et falciformes, tandis que les nageoires pelviennes sont petites et triangulaires, avec une marge arrière presque droite. La première nageoire dorsale est assez grande et triangulaire, avec un sommet Ă©moussĂ© se poursuivant par une bordure arrière sinueuse ; elle est implantĂ©e au niveau des extrĂ©mitĂ©s arrières libres des nageoires pectorales. La deuxième nageoire dorsale est petite et placĂ©e au niveau du milieu de la base de la nageoire anale. Il n’y a pas de crĂªte entre les nageoires dorsales.

La queue porte une encoche profonde en forme de croissant Ă  la base du lobe supĂ©rieur de la nageoire caudale. Cette dernière est asymĂ©trique, et a un lobe infĂ©rieur bien dĂ©veloppĂ© et un lobe supĂ©rieur plus long et Ă©troit avec une nette encoche près de la pointe. Les denticules cutanĂ©es sont petites et se chevauchent, chacune ayant trois arĂªtes horizontales menant Ă  des dents marginales.

Cette espèce est gris ardoise dessus, plus foncĂ© vers l’extrĂ©mitĂ© de la nageoire dorsale et du lobe supĂ©rieur de la nageoire caudale ; certains spĂ©cimens ont des rangĂ©es irrĂ©gulières de petites taches blanches, qui peuvent Ăªtre un artefact liĂ© Ă  leur manipulation. Le dessous est blanc, et cette couleur s’Ă©tend sur les flancs comme une bande pĂ¢le mal dĂ©limitĂ©e. Le plus grand spĂ©cimen connu mesurait 65 cm de long.

Distribution et habitat
Le Requin de BornĂ©o a uniquement Ă©tĂ© observĂ© dans les eaux cĂ´tières de Sarawak. Tous les spĂ©cimens de Requin de BornĂ©o dĂ©couverts rĂ©cemment l’ont Ă©tĂ© sur les sites de dĂ©barquement de la pĂªche Ă  Mukah au Sarawak, malgrĂ© les Ă©tudes approfondies menĂ©es dans le reste de BornĂ©o (y compris dans la localitĂ© du spĂ©cimen type). Ainsi, son aire de rĂ©partition semble se limiter aux eaux cĂ´tières peu profondes situĂ©es au nord-ouest de BornĂ©o. Sur les cinq spĂ©cimens dĂ©couverts auparavant, quatre provenaient de BornĂ©o et l’autre de l’Ă®le de Zhoushan en Chine, montrant une distribution antĂ©rieure plus large.

Cette espèce a Ă©galement Ă©tĂ© enregistrĂ©e Ă  Borongan aux Philippines en 1895 et Ă  Java en 1933 ; ces observations ne sont toutefois pas suffisantes pour en tirer des conclusions sur la rĂ©partition historique de l’espèce car il n’y a eu aucune observation ultĂ©rieure dans ces rĂ©gions.

Biologie et écologie
Les poissons osseux constituent probablement la principale nourriture du Requin de BornĂ©o4. Il est vivipare comme les autres requins requiem, et les embryons en dĂ©veloppement sont approvisionnĂ©s en nutriments par la mère via une connexion placentaire formĂ© par le reliquat de la vĂ©sicule vitelline. La taille de la portĂ©e est en gĂ©nĂ©ral de six jeunes, et les nouveaux-nĂ©s mesurent environ 24 Ă  28 cm de long. Ă€ partir des spĂ©cimens disponibles, la longueur Ă  la maturitĂ© sexuelle peut Ăªtre estimĂ©e Ă  environ 55 Ă  58 cm chez les mĂ¢les et 61 Ă  65 cm pour les femelles.

Taxonomie et phylogénie
L’ichtyologiste hollandais Pieter Bleeker a initialement dĂ©crit le Requin de BornĂ©o sous l’appellation scientifique Carcharias (Prionodon) borneensis dans un numĂ©ro datant de 1858 de la revue scientifique Acta Societatis Regiae Scientiarum indo- NeĂªrlandicae. Il s’est appuyĂ© pour cela sur la dĂ©couverte d’un nouveau-nĂ© mĂ¢le de 24 cm de long, capturĂ© au large de Singkawang dans le Kalimantan occidental, Ă  BornĂ©o.

Plus tard, les auteurs ont placĂ© cette espèce comme appartenant au genre Carcharhinus1. Avant 2004, seuls cinq spĂ©cimens du Requin de BornĂ©o Ă©taient connus, tous immatures et recueillis avant 19376. En avril et mai 2004, des chercheurs de l’Universiti Malaysia Sabah ont dĂ©couvert un certain nombre de spĂ©cimens supplĂ©mentaires en Ă©tudiant les ressources halieutiques de Sabah et de Sarawak.

Les relations Ă©volutives du Requin de BornĂ©o sont incertaines. Jack Garrick, dans son Ă©tude morphologique de 1982, ne le rapproche d’aucun autre membre du genre. Leonard Compagno, en 1988, le regroupe provisoirement avec le Requin tiqueue (C. porosus), le Requin Ă  taches noires (C. sealei), le Requin Ă  queue tachetĂ©e (C. sorrah), le Requin baleinier (C. fitzroyensis), le Requin Ă  joues blanches (C. dussumieri), le Requin Ă  nez rude (C. macloti) et le Requin-baliai (C. hemiodon)8. Le Requin de BornĂ©o ressemble aux requins du genre Rhizoprionodon par certaines de leurs caractĂ©ristiques, comme par exemple les pores dilatĂ©s au niveau de sa gueule. NĂ©anmoins, d’autres aspects de sa morphologie le placent indubitablement dans le genre Carcharhinus.

Relations avec l’Homme
Selon la dernière Ă©valuation de l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature, s’appuyant sur des donnĂ©es de 2005 qui ne comprennent pas les derniers spĂ©cimens dĂ©couverts Ă  Mukah, le Requin de BornĂ©o est considĂ©rĂ© comme en danger. Auparavant, plusieurs enquĂªtes halieutiques au sein de son aire de rĂ©partition historique supposĂ©e n’avaient pas rĂ©ussi Ă  trouver des spĂ©cimens.

Le statut de sauvegarde du Requin de BornĂ©o reste tout de mĂªme prĂ©caire compte tenu de sa très petite aire de rĂ©partition dans des eaux soumises Ă  la fois Ă  la pĂªche artisanale et Ă  la pĂªche commerciale, et ce de manière soutenue. Il est pris par les filets et consommĂ© pour sa chair, mĂªme si son importance commerciale reste insignifiante.

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2 Commentaires

  1. rajwap

    L’ichtyologiste hollandais Pieter Bleeker a initialement decrit le Requin de Borneo sous l’appellation scientifique

    Réponse
  2. hotgirl

    On ne sait pas grand chose du comportement et du cycle de vie du Requin de Borneo. Il est vivipare, comme les autres requins de sa famille. La femelle a des portees de 6 jeunes en moyenne, qui sont alimentes tout au long de la gestation par une connexion au placenta. L’ Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN) a dernierement classe l’espece comme en danger, alors qu’elle n’avait pas ete vue depuis 1937. Bien que depuis une population a ete decouverte, le Requin de Borneo continue de beneficier de ce statut de sauvegarde au vu de sa faible aire de repartition dans des eaux qui font l’objet d’une peche intensive.

    Réponse

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