Nous consommons, nous aspirons Ă ce que nous appelons le « progrĂšs » , et nous refusons d’en voir les consĂ©quences .
Que nous devrons pourtant assumer .
Nous rĂ©pandons directement dans la mer, ou indirectement par les fleuves qui s’y jettent ou par les nuages, qui y tombent en pluie, des  milliers de substances dangereuses, dont la pĂ©riode Ă©cologique (la durĂ©e de vie avant Ă©limination) et les milliers d’interactions possibles nous restent un mystĂšre .
Une partie de nos nuisances sont d’origine agricole.
Dans ce domaine, celles qui causent le plus de dĂ©bats sont les excĂšs de fertilisants chimiques (nitrates,phosphates) et les Ă©pandages massifs des lisiers, qui induisent des phĂ©nomĂšnes d’eutrophisation des baies (trop d’engrais: l’asphyxie s’en suit ) et favorisent les pullulations d’algues verts ou de phytoplancton toxique (les marĂ©es rouges Ă dinophycĂ©es):ces derniĂšres empoissonnent les squales, comme maints autres animaux .
Les pesticides, c’est Ă dire les herbicides,les fongicides,les raticides,et les insecticides de toutes sortes (organochlorĂ©s ou organophosphosrĂ©s :DDT,DDD, parathion,malathion,lindane…), ont une fĂącheuse tendance Ă s’accumuler dans les tissus vivants, surtout dans les graisses. Chez les requins, ils stagnent en particulier dans l’Ă©norme foie.
Ils induisent des stérilisés et des tumeurs .
Une autre partie de nos résidus proviennent de nos activités domestiques .
Beaucoup sont néfastes .
Nos lessives phosphatĂ©es et nos effluents d’Ă©gouts contribuent Ă l’eutrophisation des anses et des golfes .
Les mille et un produits de notre existence quotidienne jouent leur partition négative: peintures, huiles de vidange, médicaments périmés (tels les oestrogenes, qui féminisent les males des créatures marines), piles usagées etc.
Un nombre de requins inconnu mais Ă©levĂ© (des dizaines de milliers) meurent chaque annĂ©e d’occlusion intestinale, aprĂšs avoir avalĂ© des sacs de plastique qu’ils ont confondus avec des mĂ©duses, des salpes ou des ctĂ©nophores, la mĂȘme erreur est fatale aux tortues de mer et aux dauphins .
Les CFC (chlorofluorocarbones) de nos appareils Ă froid dĂ©truisent la couche d’ozone de la stratosphĂšre :en surface, les sĂ©laciens sont vulnĂ©rables aux ultraviolets .
Nos industries ne sont pas moins coupables .
Elles envoient dans le grand rĂ©ceptacle de la mer des mĂ©taux lourds (mercure, plomb, cadmium, chrome,cuivre,zinc..) d’autant plus toxiques qu’ils rĂ©agissent avec des acides, puis s’intĂšgrent Ă la chaine alimentaire sous une forme organique ( mĂ©thylmercure,plomb tĂ©trastyle, etc..)
Nos usines dĂ©versent dans l’eau des PCB (polychlorobiphĂ©nyles), dont l’action stĂ©rilisante est prouvĂ©e :les squales, naturellement peu fertiles, en pĂątissent davantage que d’autres crĂ©atures.
Et des légions de produites chimiques de toute nature : acides, sels, aldéhydes,alcools etc .
En n’oubliant ni l’amiante de nos flocages, ni les dioxines de nos incinĂ©rateurs Ă ordures…
Nos transports libÚrent dans le milieu marin des hydrocarbures toxiques , soit à la suite de « dégazages » illicites de bateaux , soit sous forme de marées noires catastrophiques, soit encore de maniÚre insidieuse , par le chemin des ruisseaux, des riviÚres et des fleuves .
Nos vĂ©hicules Ă moteur et nos centrales d’Ă©nergie expulsent leur contingent de composĂ©s nuisibles ; depuis les poussiĂšres et les suies jusqu’aux isotopes radioactifs ( Tritium, strontium90, iode131, cĂ©sium 137, plutonium..) responsables de cancers et de naissances monstrueuses.
Nos chauffages, nos centrales Ă©lectriques Ă mazout, Ă gaz ou Ă charbon, et bien sur nos vĂ©hicules Ă moteurs (bref tout ce qui brule des carburants fossiles ou du bois), envoient dans l’air des millions de tonnes de gaz carbonique et d’autres gaz Ă effet de serre (mĂ©thane, ammoniac,etc..)
Les requins rĂ©ussiront ils Ă s’accommoder d’un rĂ©chauffement significatif du climat terrestre, donc des eaux marines , durant le siĂšcle qui commence ?
Toute leur existence n’en sera-t-elle affectĂ©e ?
Pourront ils se reproduire?
Contracteront ils des maladies inconnues?
Trouveront ils leurs proies ordinaires?
Pourront ils migrer sur leur routes favorites ?
Comment se comporteront ils , par exemple, si le phénomÚne El Nino devient fréquent dans le Pacifique Sud , et perturbe le reste de la circulation océanique ?
Ou si un jour, le Gulf Stream cesse de couler parce que nous aurons fait fondre les glaces du Groenland ?
Questions angoissantes..
Les squales guettent, peut -ĂȘtre ,pour nous, au sein de l’immense ocĂ©an, les prĂ©mices d’un dĂ©sastre universel .
Extrait : « La vie secrĂšte des requins » Yves Paccalet – Collection L’Archipel.
http://www.avaaz.org/fr/petition/LONU_ainsi_que_lensemble_de_tout_les_etats_Reorganiser_ou_arreter_la_peche_des_requin_dans_le_monde/?nUpglib