Fabienne, tu as Ă©crit  Sharks My Feelings, les ailerons du coeur, peux-tu  nous dire les raisons de  cet ouvrage et oĂ¹ en es tu en 2021 avec SMF ?
Tout d’abord, meilleurs voeux Ă toutes et tous pour 2021 , en espĂ©rant que l’avenir soit meilleur et cette pandĂ©mie  Covid 19 jugulĂ©e, tant elle a fait de mal Ă tous niveaux.
Pour Sharks My Feelings, ce projet de livre a germĂ© dans ma tĂªte pendant longtemps. Au dĂ©but, j’ai pensĂ© Ă Ă©crire un roman mais Ă©tant novice dans la rĂ©daction de ce type d’ouvrage, je me suis vite rendu compte de la difficultĂ© . J’ai donc optĂ© pour l’Ă©criture d’histoires de mes rencontres avec les top prĂ©dateurs.
J’avais envie de partager mon vĂ©cu, mes sensations Ă leur rencontre et inviter les lecteurs Ă mieux connaitre ces top prĂ©dateurs des mers et ocĂ©ans tout en montrant aussi leur fragilitĂ© actuelle face aux dangers qu’ils encourent quotidiennement. 3 requins sont tuĂ©s chaque seconde dans le monde .
 J’ai voulu  les mettre en avant car peu de personnes parlent de leur rĂ´le essentiel dans la chaine alimentaire des ocĂ©ans, de leurs multiples sens aiguisĂ©s, de leur intelligence, et de la beautĂ© de la rencontre en plongĂ©e avec ces seigneurs des mers. J’ai voulu leur rendre hommage, car ils le mĂ©ritent et peu le font Ă mon goĂ»t .
Je trouve aussi qu’il n’y a pas assez de romans , d’histoires ayant pour sujet les requins . Autant par le biais de l’art, on peut trouver des tableaux les reprĂ©sentant, comme les fractales requins de Francis Le Guen ou les ailerons en bronze de Beli Art par exemple, autant dans la « littĂ©rature »ce type d’ouvrage n’existe guère .
RĂ©cemment, hormis Sharks My Feelings , seul le roman de ChloĂ© ChaventrĂ©, Sharkman, donne le devant de la scène aux requins ou alors ce sont des romans « sensationnels » comme Megalodon et sa suite. Comme je l’Ă©voque ils m’ont en quelque sorte « murmurĂ© Ă l’oreille » lors de nos rencontres, c’est cela qui me porte dans toutes les actions entreprises pour leur rĂ©habilitation aux yeux du public, rĂ©tablir leur vĂ©ritĂ© et inciter Ă mieux les protĂ©ger. Mais, il m’a fallu un long processus de maturation avant de commencer la rĂ©daction de cet ouvrage.
Combien de temps cela a pris ?
Il m’a fallu 7 mois de « gestation » avant de mettre cet ouvrage Ă disposition de tous . L’Ă©criture s’est fait par Ă©tapes, parfois rapidement, parfois avec de longues pauses. Les scènes Ă©taient claires dans ma tĂªte, il me fallait trouver les mots exacts, les plus appropriĂ©s pour que le lecteur vive la mĂªme chose que ce que j’ai vĂ©cu en l’instant Ă©voquĂ© .
J’ai dĂ» aussi rĂ©aliser des recherches, pour les informations scientifiques concernant les espèces, les lieux dĂ©crits… S’est imposĂ©e aussi rapidement la difficultĂ© de l’Ă©dition du livre. Quand on est novice, avec un premier ouvrage Ă©crit, tout est loin d’Ăªtre facile . C’est un monde particulier l’Ă©dition. Il faut penser Ă la mise en page, aux illustrations, la correction du texte, au niveau typographie, syntaxe, Ă©viter les redondances…c’est un long travail, très minutieux.
Heureusement j’ai eu la chance d’avoir des personnes formidables qui m’ont aidĂ©e. Patrice Le Moigne s’est occupĂ© de formater le texte , le corpus dans le jargon, et les photos d’illustration. Le chargĂ© de communication de Sharks Mission France a parfaitement mis en image ce que je souhaitais pour la couverture. Toutes les personnes qui m’ont soutenu , je les remercie car sans elles, je n’aurai  pas pu mettre Ă disposition Sharks My Feelings, les ailerons du coeur. Mais le plus difficile restait l’Ă©dition du livre et sa diffusion pour le faire connaitre.
Justement pourquoi avoir choisi lulu.com pour l’Ă©dition du livre ?
Et bien, je me suis vite aperçue que trouver un Ă©diteur traditionnel serait très difficile et on ne m’a pas « tendu de perche » pour Ă©diter cet ouvrage  . J’avais Ă coeur de partager toutes ces expĂ©riences en plongĂ©e au contact des top prĂ©dateurs. J’ai donc effectuĂ© des recherches via internet et j’ai appris la possibilitĂ© de  s’auto-Ă©diter.
J’ai choisi le site de lulu.com car il propose un vrai accompagnement de l’auteur(e)  pour la mise en page de l’ouvrage jusqu’Ă son Ă©dition et sa diffusion. L’intĂ©rĂªt est que je suis mon propre Ă©diteur . Les commandes de l’ouvrage se font directement sur le site de lulu.com qui rĂ©pertorie des centaines d’ouvrages en tout genre.
Le principe est simple, le client commande l’ouvrage, il est imprimĂ© Ă la demande dans une imprimerie « lulu » proche du domicile du client, et lui est envoyĂ© directement chez lui par lulu.com . L’auteur (e) n’a donc pas de stock Ă gĂ©rer, ni d’argent Ă avancer. L’ouvrage rencontre Ă©coute et succès, tant mieux. Si ce n’est le cas, l’auteur(e) ne se retrouve pas dans une situation financière  dĂ©licate.
Le site de lulu.com est très sĂ©rieux, le règlement en ligne  est parfaitement sĂ©curisĂ©.  Les lecteurs peuvent laisser une apprĂ©ciation avec des Ă©toiles, et une critique sur la page de l’ouvrage, après lecture, ce qui peut Ăªtre utile pour des personnes intĂ©ressĂ©es par ce livre.
Elles profitent de critiques et savent quoi attendre de la lecture de l’ouvrage . Le site propose aussi un focus auteur(e).  Le temps d’attente entre la commande et la rĂ©ception de l’ouvrage est cour . Bref, beaucoup d’avantages .
Le livre est aussi disponible Ă l’achat sur la boutique de Sharks Mission France  et sur Amazon. Une page Facebook est aussi dĂ©diĂ©e Sharks My Feelings Les Ailerons du Coeur, avec les commentaires des personnes ayant lu l’ouvrage.
Et ce titre , il a été difficile à trouver ?
Non, il s’est imposĂ© assez rapidement . « Requins mes sentiments » littĂ©ralement, si l’on fait la traduction en français de Sharks My Feelings. En anglais, ça « sonnait » mieux Ă mes oreilles.
Et puis Sharks My Feelings ce sont les mĂªmes initiales que Sharks Mission France, je voulais faire un clin d’oeil aux personnes qui suivent, soutiennent et aiment SMF …
Les ailerons du coeur » a Ă©tĂ© ajoutĂ© en sous titre en français, pour dĂ©crire en quelque sorte la teneur de l’ouvrage.
Tu es très engagĂ©e dans la sauvegarde des requins, rĂ©tablir leur vĂ©ritĂ© et modifier la perception du public pour qu’il prenne conscience et agisse avec l’association que tu as fondĂ©e ; Sharks Mission France. Quels sont vos actions et projets en 2021 ?
Oui, comme je l’ai dit , les requins m’ont en quelque sorte murmurer Ă l’oreille lors de nos rencontres en plongĂ©e et j’assure qu’ils me donnent la force, la constance et la volontĂ© de continuer, de faire grandir l’association et surtout amplifier ses actions . C’est un travail de longue haleine, mais j’ai la chance d’avoir une Ă©quipe , passionnĂ©e, dĂ©vouĂ©e, sur laquelle je peux compter  ainsi que  ma »TEAM » extrĂªmement importante , des piliers de l’association, ainsi que toutes les personnes qui nous soutiennent bien Ă©videment ( adhĂ©rents, membres d’honneurs, partenaires, clubs de plongĂ©e, artistes…).
Et notre force nous est aussi donnĂ©e par nos followers chaque jour plus nombreux , nos adhĂ©rents qui nous soutiennent aussi financièrement . Nous avons dĂ©jĂ rĂ©alisĂ© beaucoup depuis la crĂ©ation  de l’association en janvier 2013 .
Mais nous voulons encore aller plus loin . Nous avons mis  à disposition un carnet de coloriage, le 1er en son genre, avec des dessins stylisĂ©s des requins et surtout des textes explicatifs des espèces et une incitation Ă la sauvegarde. Ce carnet est destinĂ© Ă tout public, des enfants aux adultes. C’est un formidable outil d’information, de faire passer notre message tout en Ă©tant ludique et crĂ©atif. Le carnet est disponible Ă la vente sur la boutique de SMF.
Nous organisons des confĂ©rences , Ă Lyon  ou Paris avec par exemple, Francis Le Guen, Patrice HĂ©raud, Alessandro de Maddalena , Jean Marc Rodelet, François Sarano… En Suisse avec Steven Surina… De grandes confĂ©rences, très soignĂ©es en terme d’organisation et de public prĂ©sent (250 Ă 500  personnes).
Avec la pandĂ©mie, nous nous adaptons, et nous proposons des confĂ©rences en live rĂ©gulièrement sur notre page Facebook . Parfois, avec des personnalitĂ©s  scientifiques qui se trouvent très loin, Thomas Vignaud depuis l’Ă®le Maurice ou Alessandro De Maddalena depuis l’Afrique du Sud . Nous avons aussi mis Ă disposition une confĂ©rence très interessante d’ Eric Clua « pourquoi les requins mordent les hommes » sur l’Open Space de Plongez!
Depuis 2020, nous avons orientĂ© aussi nos actions de communication vers la recherche scientifique, donnĂ© la parole aux scientifiques pour mieux faire connaitre leurs travaux, les mettre en lumière . Ces vĂ©ritables experts ne sont pas assez valorisĂ©s au niveau du public , ni leurs recherches Ă notre sens . On s’emploie aussi  à modifier cela.
Nous avons créée L’enseigne requin pro responsable , qui incite les commerces Ă ne pas ou ne plus proposer Ă la vente de produits issus des requins . Nous avons Ă©tĂ© les prĂ©curseurs dans cette dĂ©marche . Nous proposons poster explicatif Ă apposer dans l’enseigne pour informer les clients, nous remettons des brochures explicatives « Consommez conscients consommez responsables  » ainsi qu’un autocollant Ă apposer sur la devanture . Tout cela est fourni gratuitement Ă l’enseigne adhĂ©rant  ( la vente de nos goodies aide Ă financer la crĂ©ation, impression, envoi de ces documents ) et nous la rĂ©pertorions sur notre site web . Nous sommes Ă plus de 100 enseignes ayant adhĂ©rĂ© et le mouvement s’amplifie .
Par ailleurs, nous incitions le public Ă Ăªtre pro actif en nous indiquant les commerces oĂ¹ l’on propose des produits issus des requins, voir Ă proposer eux mĂªmes Ă leur enseigne commerçant de devenir enseigne requin pro responsable . Pour 3 enseignes communiquĂ©es Ă nos services, un Ă©cusson  SMF est offert Ă la personne ayant eu cette dĂ©marche . Chacun peut agir Ă son niveau.
SMF fait Ă©galement du groupe de travail EuropĂ©en Stop Finning EU depuis plusieurs annĂ©es  , nous avons des rĂ©unions mensuelles pour pouvoir faire adopter un  texte de loi pour protĂ©ger les requins en Europe . Nous sommes heureux de promouvoir l’initiative citoyenne mise en place pour stopper le commerce des requins en Europe .
Nous avons rejoint  également la coalition d’associations pour un referendum pour les animaux. Par ailleurs, nous travaillons Ă faire identifier les produits contenant des produits issus des requins en France avec un groupe EuropĂ©en d’associations et experts , avec analyse ADN des Ă©chantillons de produits que nous envoyons aux chercheurs . Cette Ă©tude sera publiĂ©e d’ici quelques mois .
Nous continuons Ă aider la recherche scientifique avec le programme mis en place avec Mauricio Hoyos Padilla, qui permet de participer Ă l’achat de balises et kit de prĂ©lèvement et en Ă©change d’adopter un requin marquĂ© par son Ă©quipe . Avec la pandĂ©mie, tout prend du retard mais le programme suit son cours.
De nouvelles brochures informatives sont en cours d’Ă©laboration . Nous travaillons aussi avec des posters Ă message que le public peut imprimer et apposer oĂ¹ il le souhaite (bureau, club associatif etc …) .  Ces posters connaissent  un vif succès et beaucoup de tĂ©lĂ©chargement ; c’est notre objectif, diffuser au maximum le message de l’urgence de la  protection des requins et agir pour.
J’en profite aussi pour remercier tous les photographes qui nous ont fait profiter de leurs photos gracieusement pour les calendriers rĂ©alisĂ©s par l’association et je remercie Ă nouveau les membres de la Team pour leur aide dans la rĂ©alisation et soutien indĂ©fectible.
Nous serons prĂ©sents, si l’Ă©volution de la pandĂ©mie le permet bien sĂ»r  à GALATHEA en novembre, au PARIS SHARK FEST dont nous sommes les partenaires  en septembre, Ă la FĂªte  de l’Image sous Marine en Mars… (et d’autres Ă©vĂ©nements)
J’en profite pour remercier les  organisateurs de ces Ă©vĂ©nements et leur Ă©quipe . Je sais combien est passionnant mais aussi chronophage l’organisation de ce type de manifestation .
Nous avons aussi en cours le projet d’un très grand Ă©vĂ©nement qui mettra toute la lumière sur nos amis Ă ailerons et impliquant au maximum le public, mais nous en dirons plus le temps venu  et aussi en tenant compte de la pandĂ©mie .
Nous continuons bien sur  aussi la programmation de conférences, interventions en club , écoles dès que nous sommes sollicités . Je remercie encore une fois les membres Team SMF pour leurs actions de sensibilisation aux 4 coins de la France .
Nous allons continuer Ă proposer, ponctuellement  à nos adhĂ©rents  si nous en avons la possibilitĂ© avec les derniers Ă©vĂ©nements liĂ©s au Covid 19, un voyage plongĂ©e en petit groupe Ă la rencontre des top prĂ©dateurs . Dans l’idĂ©al nous aimerions associer plongĂ©e avec les requins et participation  à l’Ă©tude scientifique ou observation des scientifiques dans leur travail avec les squales .
Nous remercions tous nos partenaires et soutiens ( nouveaux et anciens) , nos membres, nos adhĂ©rents , nos Ambassadeurs ,  nos clubs de plongĂ©e, voyagistes, Ă©quipementiers, apnĂ©istes …tous ceux qui nous aident dans nos missions et adhĂ©rent Ă nos valeurs et Ă©tat d’esprit pour l’action menĂ©e pour mieux connaitre, apprĂ©cier et protĂ©ger nos amis  à ailerons .
Penses-tu Ă un prochain ouvrage en 2021 ?
Devant ma glace, en me lavant les dents … Et bien, en fait …c’est en cours . Depuis plusieurs mois , « ça me travaillait « .  La trame est en place dans ma tĂªte  mais c’est comme la gestation des requins en gĂ©nĂ©ral , cela prend du temps . Je ne suis plus au stade embryonnaire, mais au stade dĂ©veloppement … J’avais vraiment envie de donner naissance Ă un roman, ce qui manque crĂ»ment dans l’univers des top prĂ©dateurs des OcĂ©ans, un roman bien sur qui les mettra en lumière et dont le but sera de captiver les lecteurs/lectrices . D’ici quelques mois je  vais vous  faire profiter de ce nouveau BB . Mais j’ai aussi 2 activitĂ©s professionnelles, ma vie de famille de 5 personnes Ă gĂ©rer, l’association ..tout cela est très très chronophage .
Ah, mais on peut en savoir plus ?
Un livre c’est un peu comme une gestation, il faut du temps, ça se construit petit Ă petit jusqu’au jour de sa naissance …C’est surtout l’envie de partager avec tous qui me motive, tout ce que les requins nous apportent et peuvent nous apporter ; on a encore tant de choses Ă dĂ©couvrir d’eux si on leur en laisse la possibilitĂ© . Aussi les faire apprĂ©cier sinon aimer par le plus grand nombre ..Pourquoi? Je ne sais pas, c’est une force qui me porte , une mission qu’ils m’ont confiĂ© et que je tente de mener Ă bien , avec aussi mes contraintes professionnelles et familiales.  C ‘est ce Ă quoi nous nous employons aussi avec l’association.
D’ailleurs, je rappelle que  75% de la vente de Sharks My Feelings est reversĂ© Ă l’association pour l’aider Ă financer ses projets Ă venir.
Pour Sharks My Feelings , je dirai que l’ouvrage est une excellente lecture pour tous, pour mieux connaitre ce que l’on peut ressentir et vivre lors de rencontres avec les requins, et que l’ouvrage est parfait pour lire lors de prochaines vacances, ou le soir pour s’Ă©vader près d’eux, dans leur territoire magnifiquement bleu de la profondeur des ocĂ©ans . A s’offrir ou Ă offrir pour le plaisir  en attendant le prochain opus .
Pour commander Sharks My Feelings
Sur Lulu.com ou directement sur notre site, dans la boutique.
Boutique
Sharks Mission France ne perçoit aucune subvention ou aide financière d’ organismes ou de l’Ă©tat. Seuls les adhĂ©sions, dons, achats sur notre boutique de nos textiles, ouvrages permettent de faire imprimer nos brochures et organiser nos Ă©vĂ©nements. Parmi nos produits en vente :
Je comprends votre cri d’alarme et je doute des suites car comme le disait Alain Bombard, « L’homme ne survivra pas Ă sa civilisation » Alors pour les requins je me suis laissĂ© aller dans une nouvelle grinçante Ă lire au second degrĂ© :
La solution Raptor.
En ce matin de Juin 2015, sur le port du Brusc, l’ordre fut lancé d’une voix ferme et claire :
« Ouvrez la porte du Raptor un ! »
L’arrière de la citerne portant le sigle C.I.N.G.L.É pour « Centre d’IntĂ©rĂªt National pour la LibertĂ© et l’Équilibre » s’ouvrit violemment et dans un jaillissement d’eau et d’écume libĂ©rant un magnifique spĂ©cimen de Carcharodon Carcharias, de quatre mètres, qui se trouva violement propulsĂ© dans l’eau du port.
Applaudissements de la foule et des officiels rĂ©unis ce jour sur les quais de ce joli port de pĂªche de l’ouest varois.
Rédacteur pour plusieurs modestes bulletins internes d’association du monde sous-marin, j’étais présent à cette réintroduction du grand requin blanc, car c’est bien de lui qu’il s’agissait, dans les eaux de la Méditerranée.
Trois camions citernes dont l’arrière se trouvait au-dessus du quai, donnant sur la mer, devaient libérer, chacun, l’un de ces énormes poissons. Ce qui se produisait, dans les minutes suivantes pour les deux restants.
Un peu choqués par cette chute les trois squales tournèrent en ronds quelques instants, mais retrouvant leur milieu naturel, eurent vite fait de trouver l’entrée du port et de s’éloigner vers le large et l’île des Embiez.
« La Solution Raptor » venait de débuter.
Tout d’abord pourquoi avoir choisi le nom de cet animal des temps largement prĂ©historiques, de la famille des Dinosaures ? Très certainement pour faire mieux comprendre ce type de rĂ©introduction d’une bĂªte ancienne, mise au goĂ»t du jour par le film « Jurassic Parc » dont nous connaissons le succès. Les cerveaux chevelus du ministère de l’environnement durable, suite Ă ce qu’ils appelaient le succès de la rĂ©introduction de l’ours dans les PyrĂ©nĂ©es et du loup dans les Alpes, venaient de lancer cette opĂ©ration couvrant ainsi le monde sous marin, après celui de la montagne.
Ce qui visiblement ne comblait pas d’enthousiasme une partie de la foule prĂ©sente qui venait juste dâ€™Ăªtre avisĂ© de ce lĂ¢cher surprenant.
Quand mĂªme, l’idĂ©e de cette opĂ©ration novatrice avait filtrĂ© et l’on pouvait ce jour-lĂ dĂ©couvrir la banderole d’un comitĂ© dit « anti-shark » accompagnĂ© d’une association des « Mamans en colère ». Leur faisant face, des individus barbus et agressifs, tous de vert vĂªtu, portant sur leur poitrine le sigle de l’organisme citĂ© plus haut, protestaient avec vĂ©hĂ©mence en poussant et scandant des cris et hurlements :
– La mer reviendra comme avant, nous pensons Ă nos enfants.
Ce qui à mes yeux, en voyant quels genres de bestiaux venaient de reconquérir les fonds marins, me paraissait pour le moins paradoxal.
D’autres parfaits intégristes s’étaient emparés de la phrase d’Yves Pacalet, écrivain célèbre, et criaient :
– L’humanitĂ© disparaĂ®tra ! Bon DĂ©barras !
Personnellement, depuis les tentatives d’acclimatation des ours et des loups, je considérais à titre tout à fait personnel, sans en faire état en public, que nous nagions dans le délire absolu.
Les raisons de ma discrétion ne manquaient pas.
Auteur de quelques modestes ouvrages, mes amis proches considéraient que mes récits de chasse sous marine des années cinquante étaient proprement scandaleux.
Il m’était arrivĂ© un soir oĂ¹ lassĂ© de ces attaques, j’avais tentĂ© de faire comprendre que nos prĂ©lèvements n’étaient essentiellement opĂ©rĂ©s que dans un but culinaire et convivial. Que le fait de pĂªcher quatre poisons pour nourrir mon couple et celui d’un ami sur une plage corse, ne pouvait en rien Ăªtre la source de la disparition des espèces. J’avais failli me faire lyncher ! Il m’avait Ă©tĂ© reprochĂ© après un savant calcul le nombre d’alevins qui n’avaient pas pu venir au monde dĂ» Ă mon instinct prĂ©dateur. Cela, bien sĂ»r, se chiffrait par des millions par pièce flĂ©chĂ©e, qu’un second convive n’oubliait pas de multiplier par quatre. Devant des calculs aussi prĂ©cis, je me suis dis, un instant, qu’effectivement, j’étais un grand coupable. Me ressaisissant, je tentais, en vain de m’innocenter, en parlant de tout ce qui sortait des automobiles et qui Ă©tait charriĂ© vers la mer. Mercure, plomb, une flopĂ©e de mĂ©taux lourds qui Ă mon humble avis, ne pouvait que nuire, ou stĂ©riliser la gente poissonnière. Audacieux ce soir-lĂ , Ă©nervĂ© en fait par ces assauts et ces procès d’intention que l’on me faisait, je leur lançais au visage les rĂ©sultats dĂ©sastreux de la surpĂªche !
Que n’avais je dis lĂ ! Comment osais-je attaquer les pĂªcheurs professionnels, qui eux vivaient de cette rude activitĂ©, dans la lignĂ©e des traditions. Il me fut mĂªme citĂ© les pĂªcheurs d’Islande du regrettĂ© Pierre Loti.
Aussi, culpabilisant, comme cela est de bon ton actuellement, quelques jours plus tard, je pris rendez-vous avec un cĂ©lèbre professeur qui avait donnĂ© sa caution Ă ce lĂ¢cher de monstres sous marins. Car pour moi, il ne s’agissait de rien d’autres, dans mon esprit politiquement rĂ©trograde et tristement conservateur.
Je fus reçu aimablement. On peut Ăªtre un ayatollah de la dĂ©fense animalière, on n’en est pas moins possesseur d’un ego souvent surdimensionnĂ© et assoiffĂ© de publicitĂ© mĂ©diatique. En fait, ce grand homme ne se mĂ©fiait pas de mes premières questions :
– Monsieur le professeur qu’attendez-vous de cette solution Raptor ?
– Mon jeune ami, me dit-il rompant ainsi les barrières, c’est effectivement spectaculaire mais cette opĂ©ration porte sous jacent des buts, inavouĂ©s certes, mais qui vont se rĂ©vĂ©ler très vite positifs.
J’étais béat devant cette affirmation péremptoire, Il continue :
– Jeune homme, sachez que bientĂ´t la mer redeviendra ce qu’elle Ă©tait il y a simplement cent ans. Je m’explique, car je vous sens sceptique.
On le serait Ă moins, mais il continue :
– Tout d’abord et vous aller l’admettre facilement, les jets ski et autres scooters des mers ne seront pas interdits mais nous ne les verrons plus en mer. Pour l’un de nos raptors, cela ressemble Ă un gros phoque dont il ne fera qu’une bouchĂ©e. Avec l’appĂ©tit bien connu de ces animaux, il n’y aura ni attaque, ni blessures graves, simplement disparition. Je vous garanti que le bouche Ă oreille va fonctionner très vite chez les propriĂ©taires de ces engins. Engins qui ne sortiront plus de leur garage. Alors elle n’est pas bonne notre idĂ©e. Je perçois que je suis en train de vous convaincre, non ?
Il va bien vite. Mais il est exact que j’ai une haine farouche pour ces machines pétaradantes peu respectueuses, dont certaines m’ont causé de violentes émotions. Mais de là , à les éliminer physiquement par bestiaux interposés. Surtout qu’en mer il n’y a pas qu’eux, alors j’insiste :
– Oui j’admets que c’est peut-Ăªtre une solution radicale cependant. Mais les planches Ă voile, les baigneurs, les jolies mamans avec leurs enfants sur les plages, les chasseurs sous marin et plongeurs dont je suis ?
– SĂ©rions les catĂ©gories reprends mon nimbus criminel en ricanant. Pour les planches Ă voile, lĂ nous avons un problème car après tout ce ne sont que des mini-voiliers. Nous allons chercher comment les faire admettre par nos nouveaux pensionnaires. Encore, que tant que le vĂ©liplanchiste ne tombe pas Ă l’eau il n’y aura pas d’attaque. La solution serait donc dans une meilleure formation de ces sportifs. Idem pour les surfeurs. Il va falloir que les pratiquants de ces activitĂ©s modernes se disent qu’ils sont vĂ©ritablement des sports Ă risque. D’ailleurs n’est ce pas le but recherchĂ©. Avec nos braves poissons, ils vont en avoir de ces montĂ©es d’adrĂ©naline tant recherchĂ©es. Plus besoin d’aller sauter du haut d’un pont avec un fil Ă©lastique Ă la patte. Fil tellement solide qu’il n’y a lĂ aucun pĂ©ril sĂ©rieux, tandis qu’avec nous, on ne parlera plus de risque zĂ©ro, que non ! Fini de passer sur nos Ă©crans en tentant de faire vibrer les tĂ©lĂ©spectateurs avec des vagues gĂ©antes prĂªtes Ă vous engloutir. LĂ , il y aura, en dessous, nos amis prĂ©dateurs, type nettoyeurs de tranchĂ©e. Tu tombes ! je te mange. Croyez-moi, nous allons avoir de vrais champions ! Une vraie sĂ©lection naturelle !
J’ai envie de lui demander oĂ¹ il compte les former sans que ses bestioles les bouffent. Mais je le laisse continuer :
– Pour les baigneurs, cher monsieur il y a les piscines ! Car naturellement les jolies mamans dont vous parlez et leurs chères tĂªtes blondes pour le Carcharodon Carcharias c’est un mets de choix, comme notre caviar. Meilleur que l’otarie disent certains de mes collègues qui ont fait une Ă©tude sur la nutrition de ces nobles animaux. Et c’est lĂ que vous allez comprendre qu’en interdisant carrĂ©ment les plages, nous faisons un grand pas en avant sur la dĂ©pollution marine et littorale. Je m’explique. Si la plage devient dĂ©serte, plus de ces dĂ©tritus et macro dĂ©chets. Surtout plus de cette irisation de la mer par les huiles de bronzage solaire, les crèmes hydratantes, les filtres anti-UV.
Je commence à douter de l’état d’esprit de mon interlocuteur, mais je continue :
– Certes, Monsieur le Professeur, tout ceci est fort bon, mais vos squales de belles tailles, comment vont-ils se nourrir ? Vous n’ignorez pas que suite Ă la surpĂªche nos fonds sont peu peuplĂ©s. Ne risquons-nous pas de nous retrouver avec le mĂªme problème que celui de la nourriture des ours des PyrĂ©nĂ©es et des loups du Mercantour. Ă€ moins que vous n’ayez songĂ© Ă un apport de nourriture, type croquettes, dĂ©jĂ largement utilisĂ©es dans l’aquaculture. Après tout cela fonctionne très bien.
Il me regarde d’un air un peu méprisant :
– Cher monsieur vous ne me citez la que des vĂ©ritĂ©s premières. Les ours, les loups, vous ne pouvez l’ignorer, cela a Ă©tĂ© rĂ©solu facilement. Ils se sont acclimatĂ©s Ă la nourriture indigène
Là , je frémis… Indigène, il veut nourrir ses bestioles avec les autochtones des montagnes. Non ! Mais on n’en est pas loin car il reprend :
– Voyons les loups et les ours ils ont prĂ©levĂ© leur nourriture sur le bĂ©tail environnant. Comme au Moyen Ă¢ge ! Et le moyen Ă¢ge, monsieur c’était l’époque rĂªvĂ©e de la nature, ces forĂªts qui peuplaient la France… la Gaule chevelue de Jules CĂ©sar.
Euphorique, les Ă©carts de siècle ne le gĂªnent pas. J’ai envie de lui parler de la bĂªte du GĂ©vaudan.
– Quand Ă nourrir nos Raptor il n’en est pas question. Ce serait de l’assistanat pur et simple. Ils se rapprocheraient des hommes et deviendraient bientĂ´t des jouets d’enfants. Non, ils vont retrouver leur instinct agressif et vous verrez, ils seront t Ă nouveau les maĂ®tres des mers et les hommes eux, ils arrĂªteront de polluer ce merveilleux royaume
Évidemment, il va mieux falloir aller en vacances dans la Creuse. En tout cas, tant que des hurluberlus pareils n’y mettront pas des piranhas. Je termine avec quand mĂªme une colle qui devrait l’embarrasser. Je vais Ăªtre déçu :
– Enfin dernière curiositĂ© de ma part. Que pensent les pouvoirs publics de cette initiative pour le moins audacieuse ? Et surtout les risques encourus. Les connaissent-ils les risques en question ?
– Excellente question me dit-il, selon cette formule largement utilisĂ©e par des politiciens avertis. Ce processus a fait l’objet d’un dossier auquel nous avons donnĂ©, grĂ¢ce aux mĂ©dias, une large diffusion. Lors des dernières Ă©lections prĂ©sidentielles, il a suffi qu’un seul des candidats signe et adopte notre projet pour que tous les autres suivent. Je ne vous cacherais pas qu’à notre avis, ils n’en ont certainement pas lu, mĂªme la première page. Peu importe, maintenant nous avons leur caution.
Il termine, très satisfait de son exposé :
– Voyez vous monsieur, je vais conclure en vous citant cette maxime ancienne « le chien est le meilleur ami de l’homme » Et pourtant les premiers chiens ce n’étaient que des loups sauvages. Dans cette mĂªme optique et en l’amĂ©liorant quelque peu je crois que l’on pourra bientĂ´t affirmer que « le grand requin blanc est devenu le meilleur dĂ©fenseur de la nature sous marine »
N’étant pas et de loin convaincu de ces propos délirants, sachant que notre système tournait, tel un bilboquet fou, j’étais on ne peut plus satisfait d’avoir abandonné la plongée et la chasse sous marine.. J’étais tranquille m’étant réfugié, dans notre mazet au bout de la Vallée Borgne, en plein milieu des Cévennes profondes.
Je le fus moins quelque temps plus tard quand j’appris que les sociétés de chasse du coin envisageaient d’importer de Turquie des « Sus scrofa attila »
Renseignements pris il s’agit d’une race de sanglier qui pèse dans les 300 Kgs avec des défenses d’une taille pouvant aller jusqu’à 0 M 30
Je viens de m’inscrire pour la prochaine colonie qui doit Ăªtre mise en place sur la planète Mars !
Merci de cette délicieuse nouvelle Mr Loridon , lue au « second degré » . Je suis vos publications régulièrement .
Bien sĂ»r on peut penser que nos actions sont vaines et perdues d’avance . Mais le peuple a le pouvoir . Nous oeuvrons pour qu’un maximum de citoyens prennent conscience et se mobilisent derrière nos actions pour sauvegarder les requins et la vie des ocĂ©ans. Nous aimerions que notre civilisation s’Ă©veille et ne dĂ©truise pas ce qui lui permet de vivre sur cette planète bleue qui nous accueille.
Bien Ă vous,
Fabienne Rossier