Fabienne Rossier, présidente de Sharks Mission France

Publié le 27 Jan, 2021

Fabienne, tu as écrit  Sharks My Feelings, les ailerons du coeur, peux-tu  nous dire les raisons de  cet ouvrage et où en es tu en 2021 avec SMF ?

 

Organisation de cycles de conférences.

Tout d’abord, meilleurs voeux à toutes et tous pour 2021 , en espérant que l’avenir soit meilleur et cette pandémie  Covid 19 jugulée, tant elle a fait de mal à tous niveaux.

Pour Sharks My Feelings, ce projet de livre a germé dans ma tête pendant longtemps. Au début, j’ai pensé à écrire un roman mais étant novice dans la rédaction de ce type d’ouvrage, je me suis vite rendu compte de la difficulté . J’ai donc opté pour l’écriture d’histoires de mes rencontres avec les top prédateurs.

J’avais envie de partager mon vécu, mes sensations à leur rencontre et inviter les lecteurs à mieux connaitre ces top prédateurs des mers et océans tout en montrant aussi leur fragilité actuelle face aux dangers qu’ils encourent quotidiennement. 3 requins sont tués chaque seconde dans le monde .

 J’ai voulu  les mettre en avant car peu de personnes parlent de leur rôle essentiel dans la chaine alimentaire des océans, de leurs multiples sens aiguisés, de leur intelligence, et de la beauté de la rencontre en plongée avec ces seigneurs des mers. J’ai voulu leur rendre hommage, car ils le méritent et peu le font à mon goût .

Je trouve aussi qu’il n’y a pas assez de romans , d’histoires ayant pour sujet les requins . Autant par le biais de l’art, on peut trouver des tableaux les représentant, comme les fractales requins de Francis Le Guen ou les ailerons en bronze de Beli Art par exemple, autant dans la « littérature »ce type d’ouvrage n’existe guère .

Récemment, hormis Sharks My Feelings , seul le roman de Chloé Chaventré, Sharkman, donne le devant de la scène aux requins ou alors ce sont des romans « sensationnels » comme Megalodon et sa suite. Comme je l’évoque ils m’ont en quelque sorte « murmuré à l’oreille » lors de nos rencontres, c’est cela qui me porte dans toutes les actions entreprises pour leur réhabilitation aux yeux du public, rétablir leur vérité et inciter à mieux les protéger. Mais, il m’a fallu un long processus de maturation avant de commencer la rédaction de cet ouvrage.

Combien de temps cela a pris ?

Il m’a fallu 7 mois de « gestation » avant de mettre cet ouvrage à disposition de tous . L’écriture s’est fait par étapes, parfois rapidement, parfois avec de longues pauses. Les scènes étaient claires dans ma tête, il me fallait trouver les mots exacts, les plus appropriés pour que le lecteur vive la même chose que ce que j’ai vécu en l’instant évoqué .

J’ai dû aussi réaliser des recherches, pour les informations scientifiques concernant les espèces, les lieux décrits… S’est imposée aussi rapidement la difficulté de l’édition du livre. Quand on est novice, avec un premier ouvrage écrit, tout est loin d’être facile . C’est un monde particulier l’édition. Il faut penser à la mise en page, aux illustrations, la correction du texte, au niveau typographie, syntaxe, éviter les redondances…c’est un long travail, très minutieux.

Heureusement j’ai eu la chance d’avoir des personnes formidables qui m’ont aidée. Patrice Le Moigne s’est occupé de formater le texte , le corpus dans le jargon, et les photos d’illustration. Le chargé de communication de Sharks Mission France a parfaitement mis en image ce que je souhaitais pour la couverture. Toutes les personnes qui m’ont soutenu , je les remercie car sans elles, je n’aurai  pas pu mettre à disposition Sharks My Feelings, les ailerons du coeur. Mais le plus difficile restait l’édition du livre et sa diffusion pour le faire connaitre.

Justement pourquoi avoir choisi lulu.com pour l’édition du livre ?

Et bien, je me suis vite aperçue que trouver un éditeur traditionnel serait très difficile et on ne m’a pas « tendu de perche » pour éditer cet ouvrage  . J’avais à coeur de partager toutes ces expériences en plongée au contact des top prédateurs. J’ai donc effectué des recherches via internet et j’ai appris la possibilité de  s’auto-éditer.

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J’ai choisi le site de lulu.com car il propose un vrai accompagnement de l’auteur(e)  pour la mise en page de l’ouvrage jusqu’à son édition et sa diffusion. L’intérêt est que je suis mon propre éditeur . Les commandes de l’ouvrage se font directement sur le site de lulu.com qui répertorie des centaines d’ouvrages en tout genre.

Le principe est simple, le client commande l’ouvrage, il est imprimé à la demande dans une imprimerie « lulu » proche du domicile du client, et lui est envoyé directement chez lui par lulu.com . L’auteur (e) n’a donc pas de stock à gérer, ni d’argent à avancer. L’ouvrage rencontre écoute et succès, tant mieux. Si ce n’est le cas, l’auteur(e) ne se retrouve pas dans une situation financière  délicate.

Le site de lulu.com est très sérieux, le règlement en ligne  est parfaitement sécurisé.  Les lecteurs peuvent laisser une appréciation avec des étoiles, et une critique sur la page de l’ouvrage, après lecture, ce qui peut être utile pour des personnes intéressées par ce livre.

Elles profitent de critiques et savent quoi attendre de la lecture de l’ouvrage . Le site propose aussi un focus auteur(e).  Le temps d’attente entre la commande et la réception de l’ouvrage est cour . Bref, beaucoup d’avantages .

Le livre est aussi disponible à l’achat sur la boutique de Sharks Mission France  et sur Amazon. Une page Facebook est aussi dédiée Sharks My Feelings Les Ailerons du Coeur, avec les commentaires des personnes ayant lu l’ouvrage.

Et ce titre , il a été difficile à trouver ?

885767_104174739918398_914646613231658181_oNon, il s’est imposé assez rapidement . « Requins mes sentiments » littéralement, si l’on fait la traduction en français de Sharks My Feelings. En anglais, ça « sonnait » mieux à mes oreilles.

Et puis Sharks My Feelings ce sont les mêmes initiales que Sharks Mission France, je voulais faire un clin d’oeil aux personnes qui suivent, soutiennent et aiment SMF …

Les ailerons du coeur » a été ajouté en sous titre en français, pour décrire en quelque sorte la teneur de l’ouvrage.

Tu es très engagée dans la sauvegarde des requins, rétablir leur vérité et modifier la perception du public pour qu’il prenne conscience et agisse avec l’association que tu as fondée ; Sharks Mission France. Quels sont vos actions et projets en 2021 ?

Oui, comme je l’ai dit , les requins m’ont en quelque sorte murmurer à l’oreille lors de nos rencontres en plongée et j’assure qu’ils me donnent la force, la constance et la volonté de continuer, de faire grandir l’association et surtout amplifier ses actions . C’est un travail de longue haleine, mais j’ai la chance d’avoir une équipe , passionnée, dévouée, sur laquelle je peux compter  ainsi que  ma »TEAM » extrêmement importante , des piliers de l’association, ainsi que toutes les personnes qui nous soutiennent bien évidement ( adhérents, membres d’honneurs, partenaires, clubs de plongée, artistes…).

Et notre force nous est aussi donnée par nos followers chaque jour plus nombreux , nos adhérents qui nous soutiennent aussi financièrement . Nous avons déjà réalisé beaucoup depuis la création  de l’association en janvier 2013 .

Retrouvez le monde fascinant des requins blanc couv-2Mais nous voulons encore aller plus loin . Nous avons mis   à disposition un carnet de coloriage, le 1er en son genre, avec des dessins stylisés des requins et surtout des textes explicatifs des espèces et une incitation à la sauvegarde. Ce carnet est destiné à tout public, des enfants aux adultes. C’est un formidable outil d’information, de faire passer notre message tout en étant ludique et créatif. Le carnet est disponible à la vente sur la boutique de SMF.

Nous organisons des conférences , à Lyon  ou Paris avec par exemple, Francis Le Guen, Patrice Héraud, Alessandro de Maddalena , Jean Marc Rodelet, François Sarano… En Suisse avec Steven Surina… De grandes conférences, très soignées en terme d’organisation et de public présent (250 à 500  personnes).

Avec la pandémie, nous nous adaptons, et nous proposons des conférences en live régulièrement sur notre page Facebook . Parfois, avec des personnalités  scientifiques qui se trouvent très loin, Thomas Vignaud depuis l’île Maurice ou Alessandro De Maddalena depuis l’Afrique du Sud . Nous avons aussi mis à disposition une conférence très interessante d’ Eric Clua « pourquoi les requins mordent les hommes » sur l’Open Space de Plongez!

Depuis 2020, nous avons orienté aussi nos actions de communication vers la recherche scientifique, donné la parole aux scientifiques pour mieux faire connaitre leurs travaux, les mettre en lumière . Ces véritables experts ne sont pas assez valorisés au niveau du public , ni leurs recherches à notre sens . On s’emploie aussi  à modifier cela.

Nous avons créée L’enseigne requin pro responsable , qui incite les commerces à ne pas ou ne plus proposer à la vente de produits issus des requins . Nous avons été les précurseurs dans cette démarche . Nous proposons poster explicatif à apposer dans l’enseigne pour informer les clients, nous remettons des brochures explicatives « Consommez conscients consommez responsables  » ainsi qu’un autocollant à apposer sur la devanture . Tout cela est fourni gratuitement à l’enseigne adhérant  ( la vente de nos goodies aide à financer la création, impression, envoi de ces documents ) et nous la répertorions sur notre site web . Nous sommes à plus de 100 enseignes ayant adhéré et le mouvement s’amplifie .

Par ailleurs, nous incitions le public à être pro actif en nous indiquant les commerces où l’on propose des produits issus des requins, voir à proposer eux mêmes à leur enseigne commerçant de devenir enseigne requin pro responsable . Pour 3 enseignes communiquées à nos services, un écusson  SMF est offert à la personne ayant eu cette démarche . Chacun peut agir à son niveau.

SMF fait également du groupe de travail Européen Stop Finning EU depuis plusieurs années  , nous avons des réunions mensuelles pour pouvoir faire adopter un  texte de loi pour protéger les requins en Europe . Nous sommes heureux de promouvoir l’initiative citoyenne mise en place pour stopper le commerce des requins en Europe .

Nous avons rejoint  également la coalition d’associations pour un referendum pour les animaux. Par ailleurs, nous travaillons à faire identifier les produits contenant des produits issus des requins en France avec un groupe Européen d’associations et experts , avec analyse ADN des échantillons de produits que nous envoyons aux chercheurs . Cette étude sera publiée d’ici quelques mois .

Nous continuons à aider la recherche scientifique avec le programme mis en place avec Mauricio Hoyos Padilla, qui permet de participer à l’achat de balises et kit de prélèvement et en échange d’adopter un requin marqué par son équipe . Avec la pandémie, tout prend du retard mais le programme suit son cours.

 

De nouvelles brochures informatives sont en cours d’élaboration . Nous travaillons aussi avec des posters à message que le public peut imprimer et apposer où il le souhaite (bureau, club associatif etc …) .  Ces posters connaissent  un vif succès et beaucoup de téléchargement ; c’est notre objectif, diffuser au maximum le message de l’urgence de la  protection des requins et agir pour.

J’en profite aussi pour remercier tous les photographes qui nous ont fait profiter de leurs photos gracieusement pour les calendriers réalisés par l’association et je remercie à nouveau les membres de la Team pour leur aide dans la réalisation et soutien indéfectible.

Nous serons présents, si l’évolution de la pandémie le permet bien sûr  à GALATHEA en novembre, au PARIS SHARK FEST dont nous sommes les partenaires  en septembre, à la Fête  de l’Image sous Marine en Mars… (et d’autres événements)

J’en profite pour remercier les  organisateurs de ces événements et leur équipe . Je sais combien est passionnant mais aussi chronophage l’organisation de ce type de manifestation .

Nous avons aussi en cours le projet d’un très grand événement qui mettra toute la lumière sur nos amis à ailerons et impliquant au maximum le public, mais nous en dirons plus le temps venu  et aussi en tenant compte de la pandémie .

Nous continuons bien sur  aussi la programmation de conférences, interventions en club , écoles dès que nous sommes sollicités . Je remercie encore une fois les membres Team SMF pour leurs actions de sensibilisation aux 4 coins de la France .

Nous allons continuer à proposer, ponctuellement  à nos adhérents  si nous en avons la possibilité avec les derniers événements liés au Covid 19, un voyage plongée en petit groupe à la rencontre des top prédateurs . Dans l’idéal nous aimerions associer plongée avec les requins et participation  à l’étude scientifique ou observation des scientifiques dans leur travail avec les squales .

Nous remercions tous nos partenaires et soutiens ( nouveaux et anciens) , nos membres, nos adhérents , nos Ambassadeurs ,  nos clubs de plongée, voyagistes, équipementiers, apnéistes …tous ceux qui nous aident dans nos missions et adhérent à nos valeurs et état d’esprit pour l’action menée pour mieux connaitre, apprécier et protéger nos amis  à ailerons .

Penses-tu à un prochain ouvrage en 2021 ?

Devant ma glace, en me lavant les dents … Et bien, en fait …c’est en cours . Depuis plusieurs mois , « ça me travaillait « .  La trame est en place dans ma tête  mais c’est comme la gestation des requins en général , cela prend du temps . Je ne suis plus au stade embryonnaire, mais au stade développement … J’avais vraiment envie de donner naissance à un roman, ce qui manque crûment dans l’univers des top prédateurs des Océans, un roman bien sur qui les mettra en lumière et dont le but sera de captiver les lecteurs/lectrices . D’ici quelques mois je  vais vous  faire profiter de ce nouveau BB . Mais j’ai aussi 2 activités professionnelles, ma vie de famille de 5 personnes à gérer, l’association ..tout cela est très très chronophage .

Ah, mais on peut en savoir plus ?

Un livre c’est un peu comme une gestation, il faut du temps, ça se construit petit à petit jusqu’au jour de sa naissance …C’est surtout l’envie de partager avec tous qui me motive, tout ce que les requins nous apportent et peuvent nous apporter ; on a encore tant de choses à découvrir d’eux si on leur en laisse la possibilité . Aussi les faire apprécier sinon aimer par le plus grand nombre ..Pourquoi? Je ne sais pas, c’est une force qui me porte , une mission qu’ils m’ont confié et que je tente de mener à bien , avec aussi mes contraintes professionnelles et familiales.  C ‘est ce à quoi nous nous employons aussi avec l’association.

D’ailleurs, je rappelle que   75% de la vente de Sharks My Feelings est reversé à l’association pour l’aider à financer ses projets à venir.

Pour Sharks My Feelings , je dirai que l’ouvrage est une excellente lecture pour tous, pour mieux connaitre ce que l’on peut ressentir et vivre lors de rencontres avec les requins, et que l’ouvrage est parfait pour lire lors de prochaines vacances, ou le soir pour s’évader près d’eux, dans leur territoire magnifiquement bleu de la profondeur des océans . A s’offrir ou à offrir pour le plaisir  en attendant le prochain opus .

Pour commander Sharks My Feelings

Sur Lulu.com ou directement sur notre site, dans la boutique.

COUVERTURE 3D TT

Boutique

Sharks Mission France ne perçoit aucune subvention ou aide financière d’ organismes ou de l’état. Seuls les adhésions, dons, achats sur notre boutique de nos textiles, ouvrages permettent de faire imprimer nos brochures et organiser nos événements. Parmi nos produits en vente :

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2 Commentaires

  1. LORIDON dit le vieux Scaf'

    Je comprends votre cri d’alarme et je doute des suites car comme le disait Alain Bombard, « L’homme ne survivra pas à sa civilisation » Alors pour les requins je me suis laissé aller dans une nouvelle grinçante à lire au second degré :
    La solution Raptor.

    En ce matin de Juin 2015, sur le port du Brusc, l’ordre fut lancé d’une voix ferme et claire :
    « Ouvrez la porte du Raptor un ! »
    L’arrière de la citerne portant le sigle C.I.N.G.L.É pour « Centre d’Intérêt National pour la Liberté et l’Équilibre » s’ouvrit violemment et dans un jaillissement d’eau et d’écume libérant un magnifique spécimen de Carcharodon Carcharias, de quatre mètres, qui se trouva violement propulsé dans l’eau du port.
    Applaudissements de la foule et des officiels réunis ce jour sur les quais de ce joli port de pêche de l’ouest varois.
    Rédacteur pour plusieurs modestes bulletins internes d’association du monde sous-marin, j’étais présent à cette réintroduction du grand requin blanc, car c’est bien de lui qu’il s’agissait, dans les eaux de la Méditerranée.
    Trois camions citernes dont l’arrière se trouvait au-dessus du quai, donnant sur la mer, devaient libérer, chacun, l’un de ces énormes poissons. Ce qui se produisait, dans les minutes suivantes pour les deux restants.
    Un peu choqués par cette chute les trois squales tournèrent en ronds quelques instants, mais retrouvant leur milieu naturel, eurent vite fait de trouver l’entrée du port et de s’éloigner vers le large et l’île des Embiez.
    « La Solution Raptor » venait de débuter.
    Tout d’abord pourquoi avoir choisi le nom de cet animal des temps largement préhistoriques, de la famille des Dinosaures ? Très certainement pour faire mieux comprendre ce type de réintroduction d’une bête ancienne, mise au goût du jour par le film « Jurassic Parc » dont nous connaissons le succès. Les cerveaux chevelus du ministère de l’environnement durable, suite à ce qu’ils appelaient le succès de la réintroduction de l’ours dans les Pyrénées et du loup dans les Alpes, venaient de lancer cette opération couvrant ainsi le monde sous marin, après celui de la montagne.
    Ce qui visiblement ne comblait pas d’enthousiasme une partie de la foule présente qui venait juste d’être avisé de ce lâcher surprenant.
    Quand même, l’idée de cette opération novatrice avait filtré et l’on pouvait ce jour-là découvrir la banderole d’un comité dit « anti-shark » accompagné d’une association des « Mamans en colère ». Leur faisant face, des individus barbus et agressifs, tous de vert vêtu, portant sur leur poitrine le sigle de l’organisme cité plus haut, protestaient avec véhémence en poussant et scandant des cris et hurlements :
    – La mer reviendra comme avant, nous pensons à nos enfants.
    Ce qui à mes yeux, en voyant quels genres de bestiaux venaient de reconquérir les fonds marins, me paraissait pour le moins paradoxal.
    D’autres parfaits intégristes s’étaient emparés de la phrase d’Yves Pacalet, écrivain célèbre, et criaient :
    – L’humanité disparaîtra ! Bon Débarras !
    Personnellement, depuis les tentatives d’acclimatation des ours et des loups, je considérais à titre tout à fait personnel, sans en faire état en public, que nous nagions dans le délire absolu.
    Les raisons de ma discrétion ne manquaient pas.
    Auteur de quelques modestes ouvrages, mes amis proches considéraient que mes récits de chasse sous marine des années cinquante étaient proprement scandaleux.
    Il m’était arrivé un soir où lassé de ces attaques, j’avais tenté de faire comprendre que nos prélèvements n’étaient essentiellement opérés que dans un but culinaire et convivial. Que le fait de pêcher quatre poisons pour nourrir mon couple et celui d’un ami sur une plage corse, ne pouvait en rien être la source de la disparition des espèces. J’avais failli me faire lyncher ! Il m’avait été reproché après un savant calcul le nombre d’alevins qui n’avaient pas pu venir au monde dû à mon instinct prédateur. Cela, bien sûr, se chiffrait par des millions par pièce fléchée, qu’un second convive n’oubliait pas de multiplier par quatre. Devant des calculs aussi précis, je me suis dis, un instant, qu’effectivement, j’étais un grand coupable. Me ressaisissant, je tentais, en vain de m’innocenter, en parlant de tout ce qui sortait des automobiles et qui était charrié vers la mer. Mercure, plomb, une flopée de métaux lourds qui à mon humble avis, ne pouvait que nuire, ou stériliser la gente poissonnière. Audacieux ce soir-là, énervé en fait par ces assauts et ces procès d’intention que l’on me faisait, je leur lançais au visage les résultats désastreux de la surpêche !
    Que n’avais je dis là ! Comment osais-je attaquer les pêcheurs professionnels, qui eux vivaient de cette rude activité, dans la lignée des traditions. Il me fut même cité les pêcheurs d’Islande du regretté Pierre Loti.
    Aussi, culpabilisant, comme cela est de bon ton actuellement, quelques jours plus tard, je pris rendez-vous avec un célèbre professeur qui avait donné sa caution à ce lâcher de monstres sous marins. Car pour moi, il ne s’agissait de rien d’autres, dans mon esprit politiquement rétrograde et tristement conservateur.
    Je fus reçu aimablement. On peut être un ayatollah de la défense animalière, on n’en est pas moins possesseur d’un ego souvent surdimensionné et assoiffé de publicité médiatique. En fait, ce grand homme ne se méfiait pas de mes premières questions :
    – Monsieur le professeur qu’attendez-vous de cette solution Raptor ?
    – Mon jeune ami, me dit-il rompant ainsi les barrières, c’est effectivement spectaculaire mais cette opération porte sous jacent des buts, inavoués certes, mais qui vont se révéler très vite positifs.
    J’étais béat devant cette affirmation péremptoire, Il continue :
    – Jeune homme, sachez que bientôt la mer redeviendra ce qu’elle était il y a simplement cent ans. Je m’explique, car je vous sens sceptique.
    On le serait à moins, mais il continue :
    – Tout d’abord et vous aller l’admettre facilement, les jets ski et autres scooters des mers ne seront pas interdits mais nous ne les verrons plus en mer. Pour l’un de nos raptors, cela ressemble à un gros phoque dont il ne fera qu’une bouchée. Avec l’appétit bien connu de ces animaux, il n’y aura ni attaque, ni blessures graves, simplement disparition. Je vous garanti que le bouche à oreille va fonctionner très vite chez les propriétaires de ces engins. Engins qui ne sortiront plus de leur garage. Alors elle n’est pas bonne notre idée. Je perçois que je suis en train de vous convaincre, non ?
    Il va bien vite. Mais il est exact que j’ai une haine farouche pour ces machines pétaradantes peu respectueuses, dont certaines m’ont causé de violentes émotions. Mais de là, à les éliminer physiquement par bestiaux interposés. Surtout qu’en mer il n’y a pas qu’eux, alors j’insiste :
    – Oui j’admets que c’est peut-être une solution radicale cependant. Mais les planches à voile, les baigneurs, les jolies mamans avec leurs enfants sur les plages, les chasseurs sous marin et plongeurs dont je suis ?
    – Sérions les catégories reprends mon nimbus criminel en ricanant. Pour les planches à voile, là nous avons un problème car après tout ce ne sont que des mini-voiliers. Nous allons chercher comment les faire admettre par nos nouveaux pensionnaires. Encore, que tant que le véliplanchiste ne tombe pas à l’eau il n’y aura pas d’attaque. La solution serait donc dans une meilleure formation de ces sportifs. Idem pour les surfeurs. Il va falloir que les pratiquants de ces activités modernes se disent qu’ils sont véritablement des sports à risque. D’ailleurs n’est ce pas le but recherché. Avec nos braves poissons, ils vont en avoir de ces montées d’adrénaline tant recherchées. Plus besoin d’aller sauter du haut d’un pont avec un fil élastique à la patte. Fil tellement solide qu’il n’y a là aucun péril sérieux, tandis qu’avec nous, on ne parlera plus de risque zéro, que non ! Fini de passer sur nos écrans en tentant de faire vibrer les téléspectateurs avec des vagues géantes prêtes à vous engloutir. Là, il y aura, en dessous, nos amis prédateurs, type nettoyeurs de tranchée. Tu tombes ! je te mange. Croyez-moi, nous allons avoir de vrais champions ! Une vraie sélection naturelle !
    J’ai envie de lui demander où il compte les former sans que ses bestioles les bouffent. Mais je le laisse continuer :
    – Pour les baigneurs, cher monsieur il y a les piscines ! Car naturellement les jolies mamans dont vous parlez et leurs chères têtes blondes pour le Carcharodon Carcharias c’est un mets de choix, comme notre caviar. Meilleur que l’otarie disent certains de mes collègues qui ont fait une étude sur la nutrition de ces nobles animaux. Et c’est là que vous allez comprendre qu’en interdisant carrément les plages, nous faisons un grand pas en avant sur la dépollution marine et littorale. Je m’explique. Si la plage devient déserte, plus de ces détritus et macro déchets. Surtout plus de cette irisation de la mer par les huiles de bronzage solaire, les crèmes hydratantes, les filtres anti-UV.
    Je commence à douter de l’état d’esprit de mon interlocuteur, mais je continue :
    – Certes, Monsieur le Professeur, tout ceci est fort bon, mais vos squales de belles tailles, comment vont-ils se nourrir ? Vous n’ignorez pas que suite à la surpêche nos fonds sont peu peuplés. Ne risquons-nous pas de nous retrouver avec le même problème que celui de la nourriture des ours des Pyrénées et des loups du Mercantour. À moins que vous n’ayez songé à un apport de nourriture, type croquettes, déjà largement utilisées dans l’aquaculture. Après tout cela fonctionne très bien.
    Il me regarde d’un air un peu méprisant :
    – Cher monsieur vous ne me citez la que des vérités premières. Les ours, les loups, vous ne pouvez l’ignorer, cela a été résolu facilement. Ils se sont acclimatés à la nourriture indigène
    Là, je frémis… Indigène, il veut nourrir ses bestioles avec les autochtones des montagnes. Non ! Mais on n’en est pas loin car il reprend :
    – Voyons les loups et les ours ils ont prélevé leur nourriture sur le bétail environnant. Comme au Moyen âge ! Et le moyen âge, monsieur c’était l’époque rêvée de la nature, ces forêts qui peuplaient la France… la Gaule chevelue de Jules César.
    Euphorique, les écarts de siècle ne le gênent pas. J’ai envie de lui parler de la bête du Gévaudan.
    – Quand à nourrir nos Raptor il n’en est pas question. Ce serait de l’assistanat pur et simple. Ils se rapprocheraient des hommes et deviendraient bientôt des jouets d’enfants. Non, ils vont retrouver leur instinct agressif et vous verrez, ils seront t à nouveau les maîtres des mers et les hommes eux, ils arrêteront de polluer ce merveilleux royaume
    Évidemment, il va mieux falloir aller en vacances dans la Creuse. En tout cas, tant que des hurluberlus pareils n’y mettront pas des piranhas. Je termine avec quand même une colle qui devrait l’embarrasser. Je vais être déçu :
    – Enfin dernière curiosité de ma part. Que pensent les pouvoirs publics de cette initiative pour le moins audacieuse ? Et surtout les risques encourus. Les connaissent-ils les risques en question ?
    – Excellente question me dit-il, selon cette formule largement utilisée par des politiciens avertis. Ce processus a fait l’objet d’un dossier auquel nous avons donné, grâce aux médias, une large diffusion. Lors des dernières élections présidentielles, il a suffi qu’un seul des candidats signe et adopte notre projet pour que tous les autres suivent. Je ne vous cacherais pas qu’à notre avis, ils n’en ont certainement pas lu, même la première page. Peu importe, maintenant nous avons leur caution.
    Il termine, très satisfait de son exposé :
    – Voyez vous monsieur, je vais conclure en vous citant cette maxime ancienne « le chien est le meilleur ami de l’homme » Et pourtant les premiers chiens ce n’étaient que des loups sauvages. Dans cette même optique et en l’améliorant quelque peu je crois que l’on pourra bientôt affirmer que « le grand requin blanc est devenu le meilleur défenseur de la nature sous marine »
    N’étant pas et de loin convaincu de ces propos délirants, sachant que notre système tournait, tel un bilboquet fou, j’étais on ne peut plus satisfait d’avoir abandonné la plongée et la chasse sous marine.. J’étais tranquille m’étant réfugié, dans notre mazet au bout de la Vallée Borgne, en plein milieu des Cévennes profondes.
    Je le fus moins quelque temps plus tard quand j’appris que les sociétés de chasse du coin envisageaient d’importer de Turquie des « Sus scrofa attila »
    Renseignements pris il s’agit d’une race de sanglier qui pèse dans les 300 Kgs avec des défenses d’une taille pouvant aller jusqu’à 0 M 30
    Je viens de m’inscrire pour la prochaine colonie qui doit être mise en place sur la planète Mars !

    Réponse
    • admin

      Merci de cette délicieuse nouvelle Mr Loridon , lue au « second degré » . Je suis vos publications régulièrement .
      Bien sûr on peut penser que nos actions sont vaines et perdues d’avance . Mais le peuple a le pouvoir . Nous oeuvrons pour qu’un maximum de citoyens prennent conscience et se mobilisent derrière nos actions pour sauvegarder les requins et la vie des océans. Nous aimerions que notre civilisation s’éveille et ne détruise pas ce qui lui permet de vivre sur cette planète bleue qui nous accueille.
      Bien à vous,
      Fabienne Rossier

      Réponse

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