Chien espagnol

Publié le 9 Juil, 2014

Répartition géographique

Le Pristiure à bouche noire (Galeus melastomus, également appelé chien espagnol) est une espèce de requins de la famille des Scyliorhinidae. Il est commun dans le nord-est de l’Océan Atlantique de l’Islande au Sénégal, incluant la Mer Méditerranée.

On le rencontre généralement au niveau de la marge continentale à des profondeurs variant entre 150 et 1 400 m, sur des fonds vaseux. Les jeunes vivent dans des eaux moins profondes que les adultes. C’est une espèce au corps élancé, qui se caractérise par l’intérieur noir de sa gueule, des taches brunâtres au bord pâle le long de son dos et sa queue et une crête proéminente de larges denticules cutanées le long du bord supérieur de sa nageoire caudale.

Ce requin atteint une longueur de 50 à 79 cm, les animaux de l’Océan Atlantique étant plus grands que ceux de la Méditerranée.

Le Pristiure à bouche noire nage lentement mais est très actif. C’est une espèce généraliste qui se nourrit d’une grande variété de crustacés, céphalopodes et poissons.

Sa vue et son système électroréceptif sont bien adaptés pour détecter les déplacements de proies bioluminescentes. Cette espèce est ovipare, et les femelles ont des portées allant jusqu’à 13 œufs tout au long de l’année. En raison de son abondance, le Pristiure à bouche noire forme une part importante des prises accessoires de la pêche commerciale en eau profonde dans une grande partie de son aire de répartition.

Il a une faible valeur économique et est généralement jeté, bien que les plus grands requins peuvent être commercialisés pour leur viande et leur cuir. L’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) a classé cette espèce comme ayant un statut préoccupation mineure, comme il n’y a aucune indication que ses effectifs aient diminué malgré la pression de pêche.

Les longueurs maximales du Pristiure à bouche noire varient entre 67 et 67 cm pour les requins de l’Atlantique et entre 50 et 64 cm pour les requins méditerranéens ; la longueur record enregistrée de 90 cm étant douteuse. Les femelles atteignent une taille maximale supérieure à celle des mâles.

Le poids maximum est de 1,4 kg. Cette espèce a un corps élancé avec un museau assez long et pointu qui représente environ 6 à 9 % de la longueur du corps. La partie antérieure de chaque narine est recouverte d’un volet de peau triangulaire, qui sépare les ouvertures inhalantes et expirantes de chaque narine.

Les yeux sont ovales horizontalement et équipés de membranes nictitantes. En arrière de chaque œil on trouve une légère crête, et derrière un petit stigmate. La gueule forme un courte et large ouverture arquée, et présentent des sillons bien marqués à chacune de ces extrémités. Les mâchoires supérieure et inférieure portent respectivement environ 69 et 79 rangées de dents.

Chaque dent est de petite taille, avec une fine pointe centrale et deux plus petites pointes de chaque côté. Il y a cinq paires de fentes branchiales, la cinquième paire étant située au-dessus de la base des nageoires pectorales.

Les deux nageoires dorsales sont de taille équivalente et placées loin en arrière du corps : la première prend naissance derrière le milieu des nageoires pelviennes, et la seconde derrière le milieu de la nageoire anale. Les nageoires pectorales sont larges, tandis que les nageoires pelviennes sont petites et basses, avec des bords anguleux.

La nageoire anale est plus grande que les nageoires dorsales, et mesure 13 à 18 % de la longueur totale du corps. La nageoire caudale est compressée latéralement, avec l’extrémité de la nageoire anale très proche du lobe inférieur de la queue. La nageoire caudale représente environ un quart de la longueur totale du corps. Le lobe supérieure est peu développé avec une encoche près de son extrémité, tandis que le lobe inférieur est peu différencié.

La peau est très épaisse et recouverte de denticules cutanées calcifiées. Il y a une rangée bien visible de denticules plus larges, ressemblant à des dents de scie, sur le bord supérieur de la nageoire caudale.

Le corps est brun-grisâtre dessus, avec 15 à 18 marques plus sombres sur la queue, chacune de ses marques étant rendue plus visible par une bordure pâle. Le dessous est blanc, comme l’extrémité des nageoires dorsales et caudales. L’intérieur de la bouche est noir.

Biologie et écologie

Au sein de son aire de répartition, le Pristiure à bouche noire est l’un des requins les plus abondants des parties médianes et supérieures du talus continental.

Il est de nature nomade et peut se rencontrer seul ou en bancs. Relativement lent, ce requin nage en faisant des ondulations semblables à celles des anguilles.

Il se déplace généralement près du fond marin, profitant peut-être de l’effet de sol pour économiser de l’énergie. On le rencontre également restant sans bougé sur le fond marin.

Les prédateurs connus de cette espèce sont le Squale liche (Dalatias licha) et Todarodes sagittatus. Ses parasites ont été étudiés, et ils comprennent le cestode Ditrachybothridium macrocephalum et le protiste Eimeria palavensis.

Alimentation.

Le Pristiure à bouche noire trouve ses proies grâce à ses bons yeux et ses ampoules de Lorenzini.

Le Pristiure à bouche noire est un prédateur généraliste actif, qui se nourrit d’organismes benthiques ou vivant en eau libre. Son régime alimentaire est dominé par les décapodes, le krill, les poissons osseux comme les poissons-lanternes, les Gonostomatidae, les dragons à écailles et les Moras), ainsi que par les céphalopodes.

La part de chacune de ses proies dans l’alimentation du requin dépend de leurs importances relatives dans son environnement, et on peut par exemple noter que les requins mangent surtout les crevettes Calocaris macandreae et Pasiphaea multidentata au large du sud de la France et Sergestes arcticus et Sergia robusta au large de la péninsule Ibérique. Les jeunes consomment une part plus importante de crustacés que les adultes, notamment de petites espèces comme les Mysidacea et les Hyperiidae.

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Les adultes préfèrent les grands poissons et peuvent également s’en prendre à d’autres requins et raies et à leurs congénères plus petits. L’importance des céphalopodes dans l’alimentation diffère suivant l’âge des requins et la région.

L’estomac de certains Pristiures à bouche noire a révélé la consommation de proies qu’un requin seul n’était pas capable de capturer, suggérant qu’il lui arrivait de chasser en groupe. La consommation de cadavres est rarement observée.

Quand il se nourrit, le Pristiure à bouche noire bouge la tête d’un côté à l’autre pour utiliser ses sens le plus efficacement possible. Il compte généralement plus sur sa vision et l’électroréception pour trouver sa nourriture que sur l’olfaction. Comme la plupart des requins, sa vue est limitée à un plan horizontal médian. Le cristallin et les cônes de ses yeux sont grands, permettant de distinguer des objets de petites tailles ou situés loin du paysage environnant.

Les bâtonnets de ses yeux sont plus sensibles aux longueurs d’onde produites par bioluminescence, émises par la plupart des proies qu’il chasse. Pour l’électroréception, le Pristiure à bouche noire est muni d’un grand nombre d’ampoule de Lorenzini qui sont uniformément réparties, ce qui lui permet de mieux appréhender l’espace environnant et de mieux localiser les proies rapides.

Cycle de vie.

A contrario de la plupart des membres de son genre, le Pristiure à bouche noire est ovipare, et plusieurs œufs peuvent se développer en même temps dans chaque oviducte. Les femelles peuvent avoir jusqu’à 13 œufs, bien qu’en général ce nombre se limite à entre 1 et 4 par oviducte.

Le nombre d’œufs pondus par femelle et par an varie entre 60 et 100, et augmente avec la taille de la femelle.
Seul l’ovaire droit est fonctionnel chez les femelles matures. L’œuf est en forme de vase et présente un léger rebord le long des bords latéraux ; l’extrémité antérieure est carré, avec une paire de fortes cornes enroulées dans les coins, tandis que l’extrémité postérieure est arrondi. La surface de l’œuf est plus ou moins translucide, lisse et brillante. Elle est de couleur brun doré, et devient brun foncé dans l’eau de mer.

Les requins justes éclos mesurent entre 3,5 et 6,5 cm de long pour 1,4 à 3 cm de large dans l’Atlantique, tandis que ceux de la Méditerranée mesurent entre 4,2 et 5,5 cm de long pour 1,7 à 2,5 cm de large.
Les plus grosses femelles produisent de plus gros œufs.

L’accouplement et la ponte ont lieu tout au long de l’année, et l’activité sexuelle est la plus élevée en hiver et en été, bien que l’ensemble des études n’ait pas révélé ce cycle saisonnier.

Les œufs sont pondus dans un substrat boueux dans des eaux relativement peu profondes. La taille à la maturité sexuelle varie suivant la région géographique, et est généralement plus élevée dans l’Atlantique que dans la Méditerranée.

Des longueurs nécessaires pour atteindre la maturité de 48 à 79 cm pour les mâles et 56 à 79 cm pour les femelles ont été observées dans l’Atlantique, contre de 42 à 55 cm pour les mâles et de 39 à 61 cm pour les femelles en Méditerranée.

Distribution et habitat.

Le Pristiure à bouche noire est largement distribué dans le nord-est de l’Océan Atlantique, le sud-ouest de l’Islande et de Trondheim, en Norvège, jusqu’au Sénégal au sud, en comprenant les îles Féroé, les îles Britanniques, les Açores et la portion septentrionale de la dorsale médio-atlantique.

On le trouve également dans la mer Méditerranée, dans les eaux du nord de la mer Adriatique et de la mer Égée, et est absent en mer Noire.

Cette espèce vit en premier lieu au niveau de la marge continentale, à des profondeurs variant entre 150 et 1 400 m. Toutefois, on le trouve aussi dans des eaux moins profondes, à 50 à 60 m de fond, au large du sud de la France, et à de fortes profondeurs pouvant atteindre 2 300 à 3 850 m dans l’est de la Méditerranée.

La profondeur à laquelle il est le plus commun dépend de la région : par exemple on le rencontre entre 300 et 500 m dans le Golfe de Gascogne, entre 400 et 800 m au large du Portugal, entre 500 et 800 m dans le canal de Sicile, entre 1000 et 1 400 m dans la mer des Baléares et entre 1500 et 1 830 m dans l’est de la mer Méditerranée. La température de l’eau ne semble pas un facteur primordial pour déterminer la distribution de l’espèce.

Le Pristiure à bouche noire vit près du fond, dans des habitats boueux. Mâles et femelles vivent parfois séparément. Diverses études menées dans le nord et l’ouest de la mer Méditerranée ont montré que les adultes vivent à des profondeurs supérieures aux jeunes.

D’autres études n’ont cependant pas observé cette différence. Il est possible que certains habitats comme les eaux au large du sud de la France offrent un habitat convenant aux requins de tout âge.

Une autre explication apportée par les scientifiques serait que les adultes sont plus communs dans les zones intermédiaires, tandis que les plus jeunes requins se cantonnent aux eaux peu profondes et que les requins adolescents et adultes vivent en eau profonde. Si c’est le cas, les incohérences entre l’âge et la profondeur à laquelle les requins ont été retrouvés pourraient provenir de l’échantillonnage incomplet suivant la profondeur.

Taxonomie et phylogénie.

Constantine Samuel Rafinesque a décrit brièvement ce requin en 1810 dans son Caratteri di alcuni nuovi generi e nuove specie di animali e piante della Sicilia: con varie osservazioni sopra i medesimi, dans lequel il indique la couleur noire caractéristique de l’intérieur de sa gueule, et qui lui a valu le nom spécifique melastomus. Aucun spécimen type n’a été désigné.

Une analyse phylogénétique de 2005 incluant cinq espèces de Galeus, basée sur l’ADN mitochondrial et l’ADN nucléaire, a montré que le Pristiure à bouche noire formait un clade avec Galeus murinus, distinct du clade comprenant Galeus eastmani, Galeus gracilis et Galeus sauteri. Le plus ancien fossile de Pristiure à bouche noire a été trouvé dans le nord des Apennins et date du zancléen (il y a 5,3 à 3,6 millions d’années).

Relations avec l’Homme.

Inoffensif pour les humains et n’ayant pas de valeur économique, le Pristiure à bouche noire est une prise accidentelle des pêcheurs, qui est capturée dans les chaluts et les palangres. C’est notamment une des prises accessoires de requin les plus courantes par les chaluts ciblant les homards et les crevettes (Nephrops norvegicus, Parapenaeus longirostris, Aristeus antennatus et Aristaeomorpha folicea) en eau profonde, au large du Portugal et dans la Méditerranée.

La plupart des requins capturés sont rejetés, probablement avec une forte mortalité. Certaines pêcheries, comme celles au large du Portugal et de l’Italie conservent et utilisent les plus gros individus pour la consommation humaine en viande fraîche ou séchée et salée, et pour leur cuir. La flotte de pêche de Viareggio, en Toscane en aurait ramené à terre 700 kg en 2005.

Dans le nord de l’Atlantique, ce requin est de plus en plus souvent ciblé par les pêcheurs suite à la baisse des effectifs des autres espèces de requins d’eau profonde .

Au large de la Corse, de la Sicile et au sud du Portugal, ainsi que dans la mer Ionienne, au sud de la mer Adriatique et la mer Égée, la plupart des Pristiures à bouche noire capturés sont immatures, ce qui laisse penser que la pression de pêche à un impact négatif sur les effectifs de l’espèce.

Cependant, l’espèce demeure extrêmement abondante dans un certain nombre de zones, et les données des diverses études et de la pêche n’ont pas mis en évidence de diminution globale de la population.

La vaste gamme de profondeurs qu’il occupe lui permet probablement de se protéger quelque peu contre la pêche, notamment compte tenu de l’interdiction de 2005 de la pêche au chalut au-delà de 1 000 m en Méditerranée.

Par conséquent, l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN) a classé le Pristiure à bouche noire comme étant de préoccupation mineure. Dans les eaux de la européennes, la pêche de cette espèce est gérée dans le cadre de la Politique commune de la pêche (PCP) pour les requins d’eau profonde.

Source : Wikipédia

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