Des données étonnantes à propos du requin Mako

Des données étonnantes à propos du requin Mako

Le requin Mako est un nageur prolifique. Les chercheurs des États-Unis et de Cuba se sont réunis près de Cojimar dans le nord de Cuba pour mettre une étiquette satellite sur un requin Mako.

 

De façon remarquable, dans les cinq mois suivants, le requin d’eau profonde mystérieux a nagé 5.500 miles (8.850 kilomètres), avec une moyenne de 36,5 miles (58,7 km) par jour. En Avril, l’animal a suivi le Gulf Stream vers l’ouest dans le golfe du Mexique, puis est allé du nord à l’est à travers les Bahamas en mai et dans les profondeurs de l’océan Atlantique. En Juin, le requin a encerclé le nord jusqu’à la côte du New Jersey, avant de se rendre au sud-est en direction de la baie de Chesapeake en Virginie. Là, la balise satellite de l’animal s’est détachée (comme elle a été programmé pour le faire) à la mi-Juillet.

Ce fut le premier requin Mako jamais marqué dans les eaux cubaines, ont déclaré les chercheurs.

« La chose étonnante est que l’étiquette de ce requin a surgi presque exactement au même endroit que l’autre que nous avons marqué dans la partie nord-est du golfe du Mexique il y a quelques années »

John Tyminski, biologiste des pêches au Laboratoire Mote Marine à Sarasota, en Floride, a déclaré dans un communiqué :

«De toute évidence, il y a quelque-chose dans cet endroit qui attire les adultes mâles en été. »

Les chercheurs ont émis l’hypothèse que les requins ont pu voyager à cet endroit au large de la côte Est pour s’ accoupler ou  les animaux ont été juste de passage sur leur chemin. Le requin a également interpellé les chercheurs avec des plongées profondes allant jusqu’à 5748 pieds (1752 mètres) – plus d’un mile en dessous de la surface de l’océan.

«À cette profondeur, le requin a affaire à un froid extrême, proche de zéro, » a déclaré un membre de l’expédition Robert Hueter, directeur du Centre pour la recherche sur les requins au Mote . « Les données de cette balise nous aideront à comprendre pourquoi ces requins plongent si profond et comment ils sont aux prises avec de telles températures froides. »

Bien peu est connu sur le requin Mako, un nageur d’eau profonde dont les mouvements sont difficiles à suivre. D’abord décrit en 1966 par le scientifique marin Dario Guitart Manday, les Makos à longues nageoires mesurent généralement 7,2 pieds (2,2 m) de longueur et pèsent 150 lbs. (70 kilogrammes), une femelle (4,3 m) a été capturé au large de la côte de la Floride en 1984.

Le requin le plus rapide du monde

Le requin mako est pensé être le requin le plus rapide du monde, capable d’une vitesse jusqu’à 62 mph (100 km / h). Les Makos sont également pensés être le plus proche parent de l’évolution de leur grand cousin, le grand requin blanc.

Le grand voyage de ce requin Mako est un rappel que l’océan relie de nombreux pays, ont déclaré les chercheurs .

« Le fait que ces requins vont et viennent entre les eaux de plusieurs pays – dans ce cas, Cuba, les Etats-Unis, aux Bahamas et au Mexique – montre l’importance de la coordination des efforts de conservation et de maitrise de la pêche à l’échelle multilatérale, voire mondiale , a dit « Hueter dans la déclaration. « Il est clair qu’il est important pour les Etats-Unis et Cuba de travailler ensemble pour protéger les ressources marines vulnérables comme ces espèces rares  de requins et en voie d’épuisement . »

D’après Livescience.

Interview exclusive du scientifique Alessandro De Maddalena

Interview exclusive du scientifique Alessandro De Maddalena

Une Interview exclusive de Sharks Mission France du scientifique Alessandro De Maddalena, spécialiste des requins.

 

Quel est ton parcours professionnel Alessandro ?

J’ai fait mes études  en Sciences Naturelles à l’Université de Milan, et je suis devenu ‘Dottore Magistrale’ (docteur magistral) en Sciences Naturelles, avec ‘Laurea Magistrale’ (équivalent du Master of Science, M.Sc.), grâce à une Thèse sur la présence du grand requin blanc en Mer Méditerranée.

J’ai travaillé comme chercheur indépendant pendant environ vingt ans. Je me suis consacré  à l’étude de la présence du grand requin blanc en  Mer Méditerranée, et en 15 années de travail, j’ai rassemblé et étudié plus de 500 observations des grands requins blancs en Méditerranée, en créant la Banca Dati Italiana Squalo Bianco (Banque de Données Italienne sur le Requin Blanc), un programme de recherche qui n’a pas d’ équivalent pour sa spécificité et son caractère exhaustif.

Dans ce cadre, je me suis dédié à l’étude de la distribution, de l’habitat, des mouvements, dimensions, reproduction, comportement, diète, attaques sur l’homme, pêche de cette espèce. Cette recherche m’a poussé à mener  une vaste étude des matériaux de grand requin blanc conservés dans les musées d’ Europe.

Je me suis aussi occupé de l’étude de la biologie de toutes les espèces des requins de Méditerranée, de la pêche et du commerce des requins en Italie, de la coloration des nageoires pectorales des requins, des matériaux de grand requin blanc conservés dans les musées des États-Unis d’Amérique, de la classification des requins conservés au Musée d’ Histoire Naturelle de Prague, des intéractions entre les requins et les plongeurs en Mer Rouge, des intéractions entre les orques et les requins.

Avec des collègues, j’ai fondé le Groupe de Recherche sur les Requins de Méditerranée. Tout ce travail m’a conduit à écrire 19 livres et 35 rapports scientifiques. J’ai aussi écrit 76 articles dans des magazines grand public. En même temps je me suis aussi  beaucoup consacré à la préparation des illustrations scientifiques des animaux marins, et surtout de requins et des cétacés pour mes livres et articles mais  aussi pour les publications d’autres auteurs.

Alessandro De Maddalena - Sp. Oberdan (Schillaci) 3J’ai animé de nombreuses conférences et séminaires dans des universités, musées et clubs de plongée en Europe. Depuis 2006, j’ai offert des cours d’ichtyologie et de cétologie à l’Université des Études de Milan-Bicocca. Depuis 2010, je propose en tournée ma conférence “Les grands requins blancs d’Afrique du Sud”, et jusqu’à aujourd’hui, j’ai honoré plus de 60 dates dans toute l’Europe avec un public de plus de 6000 personnes.

Depuis 2010 je collabore avec Apex Shark Expeditions de Chris et Monique Fallows, en organisant des nombreuses Expéditions / Cours sur la biologie des requins en Afrique du Sud. Depuis 2014 je collabore aussi avec Rodney Fox Shark Expeditions pour des  Expédition /Cours similaires  en Australie. Et depuis 2014, je collabore aussi avec Strømsholmen Sjøsportsenter de Olav Magne Strömsholm et avec Pierre Robert de Latour en organisant des Expéditions /Cours sur la biologie de l’orque en Norvège. J’ai aussi organisé une expédition sardine run / Cours d’ichtyologie en Afrique du Sud avec Apex Shark Expeditions.

Quels sont les particularités de tes expéditions ?

Toutes mes Expéditions / Cours sont réalisés pour offrir la meilleure expérience possible avec les animaux que l’on va observer, d’une façon totalement respectueuse des animaux et de leur environnement, avec des cours de très haut niveau scientifique mais accessibles à tout le monde, dans les meilleurs endroits et dans les périodes de l’année les plus propices. Les participants rencontrent les animaux dans leur environnement et ils apprennent la biologie, l’écologie et l’étologie de ces prédateurs. Tout le monde peut plonger, il n’est pas nécessaire d’avoir un niveau de plongée bouteille.

Quelles sont tes autres activités ? Tu as publié de nombreux articles et livres, quels sont tes projets ?

$RB62MOQ-2Je continue à me consacrer à toutes les activités que j’ai évoqué , mais le temps que je passe  à l’une ou l’autre activité va toujours changer en fonction de  la période et mes intêrets. J’aime changer et je n’aime pas du tout l’idée de pouvoir, un jour, m’ennuyer de mon travail.

En ce moment  mon  activité la plus importante est l’organisation des Expéditions / Cours. Ca me permet aussi de consacrer beaucoup de temps à la photographie.

J’ai dû diminuer mon travail pour les magazines grand public, mais je continue à travailler beaucoup sur les livres.

Mon livre « Requins de Méditerranée » (Edition Turtle Prod) vient d’être publié au début de cette année et je suis maintenant en train de travailler sur l’édition américaine.

Je suis aussi en train de tenter de réaliser des éditions traduites en d’autres langues de mon livre sur la biologie du grand requin blanc qui est paru en italien début  2015 et qui est l’ouvrage la plus complet et mis à jour, réalisé sur ce sujet.

Tu proposes une expédition à la rencontre des grands requins blancs à Guadalupe en novembre 2015.

OLYMPUS DIGITAL CAMERAOui. Cette Expédition / Cours sur la Biologie des Requins à Guadalupe, au Mexique, est particulière, surtout car elle ne sera pas répétée .

Différentes raisons  m’ont conduit à prendre cette décision, mais c’est maintenant définitif. L’expédition à Guadalupe offre surtout deux aspects d’intêret particulier . Le premier est la visibilité sous-marine extraordinaire des eaux. Le second est que nous irons à Guadalupe pour avoir la possibilité d’observer quelques uns des spécimens de grands requins blancs les plus grands du monde.

Nous avons aussi  choisi cette période précise  pour avoir moins d’opérateurs travaillant dans la région, et de ne pas devoir ‘partager’ les requins avec trop des bateaux.

Les conditions de sécurité ?

Clairement nous allons respecter toutes les règles de sécurité et de bon sens,  pour le respect des animaux et  pour le respect de nos participants. La plongée en  dehors de la cage est interdite. Malheureusement il y a encore des opérateurs qui continuent à la proposer à leurs clients. En procédant ainsi,  ils mettent la vie des plongeurs en péril , et en cas d’accident, ils vont ruiner  la réputation des grands requins blancs et des opérateurs qui travaillent en respectant les règles. C’est aussi une forme de  concurrence déloyale. Les grands requins blancs sont des prédateurs puissants et des animaux dangereux. Ils faut les respecter pour ce qu’ils sont.

Quelles sont les spécificités de ces plongées en cage avec les requins ? Eau, visibilité, température, autres espèces d’animaux… Comment se déroule une journée d’expédition ? Faut il s’attendre à voir beaucoup de requins ? Y a t il beaucoup d’opérateurs à Guadalupe ?

11180321_10206539057183535_6518297861034105357_nL’expédition va durer 5 jours, dont 2 jours et demi de navigation et 2 jours et demi sur le site de plongée. On part de San Diego, en Californie, aux Etats-Unis.

Notre opérateur est Islander Charters. Guadalupe se trouve au Mexique,  à 160 kms au large de la côte de Ensenada.

La visibilité sous-marine  est de 30 mètres et la meilleure au monde pour l’observation des grands requins blancs. La période de novembre est parfaite pour observer plusieurs spécimens et surtout les femelles les plus grandes au monde (semblables aux spécimens que nous observons aussi en Australie Méridionale). Pendant la navigation de San Diego à l’ile de Guadalupe, nous allons aussi  observer d’ autres animaux, comme des  baleines,  des dauphins,  des oiseaux marins,  des thons,  des requins mako.
Les cages de surface peuvent accueillir 4 plongeurs chacune, celle descendant à 10 mètres, 2 plongeurs (toujours utilisée en compagnie de Jimi Partington).

La température de l’eau se situe  entre 18°C et 24°C. Si la météo le permet, on estime avoir la possibilité de plonger  environ 15 heures pendant l’expédition. A Guadalupe il y a six opérateurs, mais en cette période  choisie de Novembre,  il y aura moins d’opérateurs sur le site, ce qui est parfait pour rencontrer les requins de façon privilégiée.

Que penses tu des efforts de sensibilisation et de meilleure connaissance par le grand public des top prédateurs ? Que faudrait il faire de mieux ?

1918300_1415635719273_5545230_nIls sont bons et utiles en  grande partie, ils aident sensiblement  à faire comprendre aux gens que les requins ne sont pas des monstres sanguinaires comme Spielberg l’a fait  croire au grand public. Mais la plupart des médias donnent  encore des informations volontairement fausses, dans  le seul but d’attirer l’attention des gens avec cette image de terreur qu’ils utilisent toujours pour n’importe quelle chose, de la nature, de  la guerre, les attentats…

La peur, le terreur, la violence sont des produits qui  font vendre. On ne  peut pas changer la tête des rédacteurs des journaux, ou à la télévision  mais on peut arrêter de regarder ce genre d’émissions, d’acheter ce genre de quotidien, de cliquer sur ce genre d’article sur internet, de partager ce genre « d’ordure ». Si tout le monde arrête , ils seront bien obligés de changer. Comme le  chante Patti Smith, « People have the power ». (les gens ont le pouvoir). Ils doivent tout simplement » se réveiller « et le comprendre.

Comment pourrait-on mieux répertorier et quantifier les différentes espèces de requins et mieux les comprendre, les étudier ?

On est déjà en train de le faire d’une façon excellente. Il faudrait tout simplement que les nations qui n’investissent pas dans cette direction, commencent  à le faire.

Tu es contre les méthodes invasives de recherche scientifique, réalisées au détriment de l’animal, quelle serait la méthode de recherche et de balisage la plus appropriée pour l’étude des requins, selon toi.

En premier lieu il faut arrêter de penser que le marquage des requins est un moyen indispensable pour les étudier. C ‘est bien sûr un système très utile, mais pas du tout indispensable !

C’est une bêtise que certaines institutions académiques et certains médias qui les suivent pour des raisons politiques, essaient de le faire passer pour une vérité. Utile oui, indispensable non.

Une autre chose:  il y a un certain temps on disait qu’il suffisait de marquer peu de spécimens pour obtenir des données valides pour estimer les  mouvements et comportements d’une population; mais maintenant la mode est de marquer le plus grand  nombre possible de spécimens.

Pour plusieurs institutions (pas pour toutes, clairement), c’ est une bonne méthode de continuer ad infinitum leur travail et la collecte de fonds et sponsorisations qu’elles permettent .

En ce moment  la recherche basée sur le marquage des requins  est considérée  comme plus ‘cool’. Il y a des modes aussi au niveau de la recherche scientifique, malheureusement.

Clairement quand on parle de marquage, les méthodes ne sont pas  du tout les mêmes. La méthode la plus invasive ; l’application des marques satellitaires avec une perceuse et des boulons ; qui va endommager  l’animal pour toute sa vie, devrait évidement être interdite, mais ce n’est pas le cas, et beaucoup de chercheurs continuent à l’utiliser, bien sûr sans jamais oublier de préciser  que tout ça est fait pour la conservation des requins… pas pour leur profit, leur nom et leur carrière… Les balises satellitaires doivent être attachées à l’animal sans stress, en le laissant dans l’eau et  posées le plus rapidement  possible. Une lance est parfaite pour ça.

Vois-tu une évolution en faveur de la sauvegarde des requins ? Et des dangers ?

Tant que les nations ne vont pas commencer à appliquer des programmes de contrôle de la population humaine, de la démographie mondiale,  il n’y aura aucune possibilité de reprise importante et constante pour les populations des requins au niveau mondial.

Il faut arrêter de suivre les théories délirantes de certains qui  veulent croire que la population mondiale puisse toujours augmenter. Nous sommes en train de dévorer toutes les ressources de notre unique monde.

La dramatique diminution des populations des requins dans le monde entier est seulement un aspect de cette situation désastreuse.

Avoir plus de monde est utile aux industries et aux politiciens qui travaillent pour eux… pas pour la population et pour l’environnement. Mais aussi la plupart des organisations pour la protection de la nature ne sont pas très intéressées à parler de ce problème, qui est la base de tous les autres problèmes.

Face aux récents incidents à la Réunion, en Nouvelle Calédonie, en Egypte… quelles sont les meilleures précautions à prendre pour minimiser les risques en tant qu’usager de la mer, selon toi ? Et que penses-tu des différents systèmes de protection existants, notamment les derniers nés, barrière acoustique, bouée clever ?

Tous les systèmes qui peuvent  marcher seront bons et utiles, clairement, mais la racine du problème est encore une fois culturelle.

Je vis maintenant à la False Bay, en Afrique du Sud. C’est la plus importante région de prédation pour les grands requins blancs ;  les requins, surtout en été sont   là où sont exactement  les surfeurs.

Il y a des piscines de mer, de petites à géantes pour les enfants et aussi pour les adultes, il y a un système  de vedettes, de bannières  et de sirènes pour informer le public de la présence de requins. Mais surtout il y a une mentalité differente. L’océan est le royaume des requins.

Si je l’utilise, je fais attention et je mesure aussi les risques et prends  ma responsabilité. La mentalité Européenne est ridicule quand on voit une nation tomber dans l’hystérie car un spécimen de peau bleue a été vu nager près d’une plage. C’est absurde. On en revient à ce qui a été dit avant , il faut  changer la façon dont les médias communiquent .

Selon toi, qu’est ce qui fait que la rencontre avec les top prédateurs, notamment les plongeurs, révèlent de véritables passions pour ces gros poissons ?

11096642_1580815268825493_608510639901551967_nD’un coté ce grand intérêt est une bonne chose, de l’autre non. La passion est fondamentalement une chose magnifique, mais il est nécessaire de la canaliser, de la mettre et la maintenir toujours sur la juste route.

Avec mes expéditions j’essaie toujours de faire exactement ça. Les participants viennent, j’explique, ils apprennent,  ils observent, ce n’est pas comme tout simplement regarder. Leur vision change, quelquefois un petit peu, d’autres fois d’une façon importante. Et beaucoup de fois le changement de vision arrive à changer leur vie!

C’est incroyable  mais c’est ce qui  se passe. Beaucoup d’opérateurs emmènent seulement  les gens  plonger avec les requins, s’approchant d’eux le plus possible, souvent à les toucher, très souvent sans un véritable respect pour l’animal et son environnement, arrivant parfois à le domestiquer, à modifier d’une façon radicale son comportement naturel.

Beaucoup de ces gens se présentent comme des experts de requins, sans en avoir aucun droit en réalité. A  l’époque des réseaux sociaux, il  devient souvent difficile pour le public de comprendre la différence entre un véritable expert et des expéditions de haut niveau et, de l’autre coté, des opérations purement commerciales conduites sans aucun respect pour les animaux.

Ta rencontre la plus marquante avec un requin ? Raconte-nous.

11169514_1571834059723614_820924502596126683_oLes souvenirs sont si nombreux que c’est difficile de choisir. Des moments les plus beaux passés en compagnie des requins, j’aime rappeler ma rencontre avec une énorme femelle  grand requin blanc aux Iles Neptune, en Australie Méridionale, mesurant 5,4 mètres.

C’est un des spécimens  les plus grands jamais photographié et filmé. La voir nager dans les eaux de ce bleu  incroyable, caractéristique de cette  région, comme une peinture géante, la voir approcher  de la cage, majestueuse, avec la région ventrale énorme due à  pour une probable gestation , la voir passer près de la cage, tranquille, la peau pleine de blessures superficielles  causées par les mâles en amour… ça a été incroyable. Mais d’ autres moments ont été aussi beaux …. voir un grand requin blanc de quatre mètres sauter complètement en  dehors de l’eau en touchant le soleil à l’aube sur un ciel rouge magnifique dans la False Bay, voir un requin mako de deux mètres et demi arriver comme une fusée, les mâchoires ouvertes, les flancs métalliques, au large de Cape Point; observer dans une seule matinée des dizaines de prédations des grands requins blancs sur les otaries à Seal Island. Chaque expédition a plusieurs moments incroyables.

Sharks Mission France , le travail réalisé par cette instance et d’autres au niveau mondial est-il important pour faire progresser la cause des requins ?

AFF-LYON 21 NOV 2013-FBBien sûr, c’ est important et nécessaire. Grâce à Sharks Mission France par exemple, j’ai eu la possibilité d’ajouter  plusieurs dates à ma tournée de conférences sur les grands requins blancs d’Afrique du Sud. Ces conférences sont la  meilleure  façon de faire de la bonne information pour le grand public. Les gens viennent, écoutent, posent des questions, apprennent. Très souvent, ils retournent à la maison avec une nouvelle vision.

Mon  opinion est que c’est la responsabilité des scientifiques de donner la juste information au grand public. C’est notre matière. Nous ne pouvons pas la laisser  faire à d’autres personnes. Chacun doit parler de ce qu’il connait. C’est simple. Avec  mes articles, mes livres, mes conférences et aussi mes expéditions, j’ai dédié une grande partie de mon temps et beaucoup d’ efforts dans cette direction. Et j’ai vu les résultats.

Interview réalisée par Sharks Mission France.

Les requins : qui sont-ils ?

Les requins : qui sont-ils ?

Les requins, squales ou sélachimorphes forment un super-ordre de poissons cartilagineux, possédant cinq à sept fentes branchiales sur les côtés de la tête et les nageoires pectorales qui ne sont pas fusionnés à la tête.

 

Ils sont présents dans tous les océans du globe et dans certains grands fleuves. Les requins modernes sont classés au sein du clade Selachimorpha ou Selachii et constituent le groupe-frère des raies. Toutefois, le terme « requin », au sens large, désigne aussi les espèces disparues de la sous-classe des élasmobranches, comme Cladoselache et Xenacanthus.

Une longue histoire

Les premiers requins sont apparus au dévonien, il y a environ 420 Ma. À partir du crétacé, il y a 100 Ma, beaucoup d’espèces de requins ont adopté leur forme moderne. Depuis, il existe plus de 465 espèces de requins regroupées en 35 familles. En sus de ces espèces encore vivantes beaucoup d’espèces ne sont connues que par leurs fossiles. Leur taille varie de seulement 17 cm de longueur pour Etmopterus perryi, à plus de 20 m pour le requin-baleine.

Malgré sa taille, ce dernier se nourrit principalement de plancton en filtrant l’eau de mer. Mais la plupart des requins sont des prédateurs, voire des superprédateurs. Les requins sont présents dans toutes les mers, jusqu’à une profondeur d’environ 2 500 mètres.

Ils ne vivent généralement pas dans l’eau douce, mais il y a quelques exceptions, telles que le requin-bouledogue et les requins de rivière qui peuvent vivre aussi bien dans l’eau de mer que dans l’eau douce. Ils respirent à travers cinq à sept fentes branchiales.

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Les requins ont un revêtement de denticules dermiques qui protègent la peau contre les parasites en plus d’améliorer leur hydrodynamisme. Ils ont également plusieurs rangées de dents qui se renouvellent régulièrement.

Malgré une mauvaise réputation véhiculée par les médias, seulement cinq espèces sont considérées comme dangereuses pour l’homme. Selon l’UICN, un tiers des espèces de requins sont menacées de disparition (surpêche, prise accessoire, élimination gratuite, etc).

Ils sont utilisés par l’homme pour de nombreux usages, comme l’alimentation, la maroquinerie, le tourisme, les cosmétiques et sont parfois maintenus en captivité. En tant que superprédateurs, les requins sont indispensables à leur écosystème.

La protection mondiale des requins reste faible, mais certains États décident de transformer leurs eaux territoriales en sanctuaire de requins.

Anatomie

Anatomie externe du requin.440px-Descriptif-requin.svg
Le requin se caractérise par sa silhouette fuselée, particulièrement hydrodynamique, et ses nageoires pectorales et dorsales, ainsi que sa nageoire caudale hétérocerque (de forme asymétrique). Il est pourvu d’un squelette entièrement cartilagineux et de cinq à sept fentes branchiales latérales selon les espèces.

Sa peau est rugueuse, recouverte d’innombrables denticules cutanés, des écailles osseuses placoïdes d’origine dermique et épidermique, qui le protègent contre les parasites et améliorent sa pénétration dans l’eau.

Son foie, qui peut représenter jusqu’à 25 % de son poids, est constitué à 90 % de squalène, et lui sert principalement à compenser son absence de vessie natatoire pour se stabiliser, mais également de réserve énergétique.

Mâchoire

grand-requin-blanc-en-surface_397_w460La mâchoire de requin, comme celle des raies, n’est pas attachée au crâne. La surface de la mâchoire, en comparaison avec les vertèbres et les arcs branchiaux du requin, a besoin de soutiens supplémentaires en raison de sa forte exposition à un stress physique et son besoin de force. Le requin a une couche de minuscules plaques hexagonales appelées « tesselles », qui sont des blocs de cristaux de sels de calcium disposés comme une mosaïque. Cela donne à ces zones une grande partie de la force que l’on retrouve dans le tissu osseux chez d’autres animaux.

En général les requins ont une seule couche de tesselles, mais les mâchoires de spécimens de grande taille, tels que le requin-bouledogue, le requin tigre et le grand requin blanc ont deux à trois couches ou plus, en fonction de la taille du corps. La mâchoire d’un grand requin blanc peut avoir une grande place à cinq couches. Dans le rostre, le cartilage peut être spongieux et souple pour absorber la puissance des impacts.

Dents

atlantic_sharpnose_teeth_upperLes mâchoires du requin présentent des particularités uniques dans le monde animal.

Elles sont entièrement mobiles, indépendantes, et garnies de plusieurs centaines de dents réparties sur plusieurs rangées dont seule la dernière est fonctionnelle, les autres étant des dents de remplacement. Les dents, dont la forme varie selon les espèces, sont renouvelées en permanence tout au long de la vie du requin, et sont spontanément remplacées par une dent de la rangée suivante lorsqu’elles tombent ou sont abîmées.

Nageoires

Les requins-renards utilisent leur longue nageoire caudale pour rassembler et assommer leurs proies. Le squelette des nageoires est allongé et soutenu par des rayons mous et non segmentés nommés cératotriches, filaments à base d’une protéine élastique ressemblant à la kératine cornée des cheveux et des plumes. La plupart des requins ont huit nageoires. Les requins utilisent leur nageoire caudale pour se propulser et changer brutalement de direction, les nageoires pectorales font office de gouvernail selon le même principe que les ailerons d’avion, la ou les nageoires dorsales servent de stabilisateurs.

La plupart des requins sont obligés de nager en permanence, même à faible vitesse, afin de maintenir un courant d’eau apportant suffisamment d’oxygène à leurs branchies. Il arrive cependant que certains requins, plus particulièrement ceux vivant à proximité de récifs, se reposent sur le fond en se mettant face au courant, ce qui est suffisant pour qu’ils capturent l’oxygène nécessaire à leur métabolisme. La vitesse et l’accélération dépendent de la forme de la nageoire caudale.

Requin pointe noire SMFLes formes varient considérablement entre les espèces de requins, en raison de leur évolution dans des environnements distincts. Les requins possèdent une nageoire caudale hétérocerque ; la partie dorsale est généralement plus grande que la partie ventrale.

La colonne vertébrale du requin s’étend dans la partie dorsale, fournissant une plus grande surface pour la fixation du muscle. Cela permet une nage plus efficace compensant la flottabilité négative des poisson cartilagineux. Contrairement à la plupart des poissons osseux qui possèdent une nageoire caudale homocerque.

La queue peut aussi aider à attraper des proies, comme chez le requin-renard qui à le lobe supérieur très allongé pour assommer les poissons et les calmars. Le requin-tigre a un gros lobe supérieur, ce qui lui permet de passer d’une nage lente à une nage rapide. Le requin-tigre doit être capable de tordre et tourner dans l’eau facilement lors de la chasse à l’appui de son régime alimentaire varié, tandis que le requin-taupe commun, qui chasse des bancs de poissons comme le maquereau et le hareng, a un gros lobe inférieur pour l’aider à suivre le rythme rapide de ses proies.

Fixées sur un tissu fibreux très solide, elles se redressent vers l’extérieur lorsque le requin ouvre la gueule, ce qui lui permet de mordre plus facilement une proie et de la maintenir fermement grâce à la concavité des dents. Certains requins perdent plus de 30 000 dents durant leur vie. Le taux de remplacement des dents varie de une fois tous les huit à dix jours à plusieurs mois. Chez la plupart des espèces, les dents sont remplacées une à la fois contrairement à certaines, comme le squalelet féroce, qui remplace une rangée entière.

requin peau bleueLa forme de la dent dépend du régime alimentaire du requin : ceux qui se nourrissent de mollusques et de crustacés ont des dents denses et aplaties utilisées pour le concassage, ceux qui se nourrissent de poissons ont des dents pointues et effilées, tandis que ceux qui se nourrissent de proies plus grosses, telles que les mammifères, ont des dents triangulaires avec des bords dentelés facilitant la coupe.

Les dents des requins se nourrissant de plancton sont de petite taille et non-fonctionnelles. Les dents de requins sont probablement issues de l’évolution de certains denticules dermiques autour de la bouche, d’où la difficulté de différencier ces deux structures dans les fossiles de requins.

Peau

image_centre_citron_1_0.jpg.limit.1024x1024Contrairement aux poissons osseux, les requins ont un corset cutané complexe fait de fibres de collagène flexibles et disposées de façon hélicoïdale en réseau autour de leur corps.

Cela fonctionne comme un squelette externe, fournissant l’attachement de leurs muscles de natation et ainsi économisant de l’énergie. Leurs denticules dermiques leur donnent des avantages hydrodynamiques, car ils réduisent la turbulence lors de la nage.

La peau rugueuse des requins résiste aux micro-organismes. Cet atout est mis à profit par le biomimétisme. Anthony Brennan, ingénieur à l’université de Floride, explique que tous les requins ont des écailles superposées – les denticules – trop dures pour être colonisées par des bactéries. La peau des femelles est plus épaisse pour résister aux morsures des mâles pendant la parade nuptiale.

Branchies

Les requins respirent à travers cinq à sept fentes branchiales. En général, plus la famille d’appartenance est primitive, plus le nombre de fentes est élevé. Comme chez les raies, les branchies sont protégées par un repli de peau. Cependant, les fentes branchiales des squales sont situées sur les flancs, tandis que celles des raies sont situées sur la face ventrale.

Olfaction

Requin Marteau La forme de la tête du requin marteau lui permet non seulement d’avoir une meilleure vision mais aussi un odorat plus développé grâce à ses ouvertures nasales plus écartées.
Beaucoup de requins ont un odorat très développé : leur centre olfactif pouvant occuper près de 2/3 de leur cerveau, ils sont souvent appelés les « nez de la mer ».

Ils peuvent détecter des concentrations très faibles (de l’ordre d’une molécule pour 1 million d’une solution molaire dans l’eau de mer) de certains composants du sang (hémoglobine, albumine), de la viande (acides aminés), de la peau ou des excrétions des poissons (triméthylamine, bétaïne)10.

Ils possèdent deux ouvertures nasales (terme préférable à celui de narines puisque ces organes olfactifs sont des sacs – ou capsules – olfactifs non reliés au système respiratoire) symétriques et indépendantes l’une de l’autre, situées juste sous le bord de leur museau, au-dessus et de chaque côté de la gueule.

Chaque ouverture est divisée en deux canaux par un clapet cutané : l’eau pénètre dans le sac olfactif par un canal (sillon inhalant), passe sur l’épithélium olfactif plissé (ces replis des lamelles olfactives disposées en rosette permettent d’augmenter la surface d’échange avec les molécules odorantes) où l’odeur est détectée puis ressort par le sillon exhalant.

Le flux d’eau dans les sacs olfactifs se fait naturellement pour les espèces nageant en permanence. Pour les espèces benthiques immobiles, le flux est pompé activement par les branchies et transmis aux sacs olfactifs via les sillons naso-oraux.

Leur odorat sert non seulement à repérer leurs proies (senties jusqu’à 75 m de distance en l’absence de tout autre stimulus sensoriel) mais aussi à reconnaître des composés chimiques qui facilitent leur orientation (phéromones d’autres requins ou des femelles de leur espèce ; salinité de différentes régions marines pour migrer ou repérer géographiquement des lieux de ponte ou de chasse…).

La détection du stimulus olfactif déclenche un comportement natatoire caractéristique : le requin nage en zig-zag en balançant la tête de droite à gauche pour suivre la piste olfactive et remonter à la source odorante. Si l’odeur est perdue ou trop loin pour être détectée, le requin avance en effectuant un mouvement en forme de grand S.

Au sujet du mécanisme, l’hypothèse qui prévalait voulait que le requin s’orientait vers la source odoriférante grâce aux ouvertures nasales agissant par analyse différentielle de la concentration des odeurs dans l’eau. En fait, le requin prend la direction de l’odeur qui lui parvient en premier (même si elle est moins concentrée qu’une autre) et, à l’instar de la vision stéréoscopique, sent en « stéréo » : il s’oriente vers la source odoriférante en fonction du délai (analysé par le cerveau) de la perception de cette source entre l’ouverture nasale droite et gauche.

Vision

aiguillat_commun_02L’œil des requins est analogue à celui des vertébrés : il est composé d’un cristallin similaire, d’une cornée, d’une rétine ainsi que d’une pupille qui peut se dilater et se contracter (contrairement aux téléostéens) comme chez les hommes. Ils possèdent également un tapetum choroïdien, ce tissu contient des cristaux de guanine facilitant la vision aquatique. Il est situé derrière la rétine et réfléchit la lumière, augmentant ainsi la visibilité dans les eaux sombres.

Il a également des paupières mais qui ne clignent pas, l’eau environnante nettoyant en permanence sa cornée. Certaines espèces ont en plus une membrane nictitante, cette membrane recouvre les yeux pendant la chasse afin de les protéger. Cependant, certaines espèces, comme le grand requin blanc, n’ont pas cette membrane, mais roulent leurs yeux vers l’arrière pour les protéger quand ils attaquent une proie.

L’importance de la vue dans le comportement de chasse des requins est débattue. Certains scientifiques pensent que l’électroréception et la chimioréception sont plus importantes, tandis que d’autres prennent la membrane nictitante pour preuve que les yeux sont importants. Vraisemblablement, le requin ne se protégerait pas les yeux s’ils étaient sans importance. Mais l’utilisation de la vue dans la chasse varie probablement avec les espèces et les conditions de l’eau. Le requin peut basculer entre une vision monoculaire et une vision stéréoscopique à tout moment.

En 2011, une étude australienne de microspectrophotométrie sur les photorécepteurs de 17 espèces de requins montrent que leurs photorécepteurs sont riches en bâtonnets mais n’ont pas de cônes ou un seul type de cône monochromatique, les rendant daltoniens. Les requins sont donc surtout sensibles à l’intensité du contraste entre le fond ambiant et l’objet. Ces chercheurs prévoient plusieurs applications à cette découverte : combinaisons de plongée et planches de surf adaptées pour éviter les attaques de requins, leurres des lignes de pêche industrielle moins attractifs pour éviter que les requins ne s’y prennent accidentellement .

Ouïe

Le requin peut percevoir des sons jusqu’à deux kilomètres de distance.

Toucher

photo by Michael Weberberger

 © Michael Weberberger

 

Grâce à un organe appelé système latéral, le requin perçoit les mouvements de l’eau. Les requins possèdent aussi des organes sensitifs spéciaux appelés ampoules de Lorenzini pouvant détecter des champs électromagnétiques aussi bien que des gradients de la température (ce gradient étant la direction où la température augmente le plus). Ils fournissent aux requins et aux raies un véritable sixième sens.

Chaque ampoule se compose d’un canal rempli d’une sorte de gelée s’ouvrant sur la surface par un pore dans la peau et se terminant dans un faisceau de petites poches pleines de cellules électroréceptrices. Les ampoules sont la plupart du temps groupées en paquets à l’intérieur du corps, chaque faisceau ayant des ampoules reliées avec différentes parties de la peau, mais gardant une symétrie gauche/droite. La longueur des canaux change selon chaque animal, mais la distribution des pores semble spécifique à l’espèce. Les pores se présentent comme des taches foncées sur la peau.

Étymologie et dénomination

Un grand requin blanc dans l’Histoire naturelle des poissons de l’ichtyologiste Marcus Élieser Bloch (1795).
Articles détaillés : Liste des noms vernaculaires de requin et Liste des espèces de requin.
Apparu vers la fin du XVI ème siècle, le terme « requin » a une origine obscure. Il s’agit peut-être d’une déformation de quin (chien), au sens de chien de mer ou un rapprochement fantaisiste de requiem (requien), en référence à sa réputation de mangeur d’homme. Ce terme pourrait aussi être une altération d’un mot exotique. Le terme « squale », apparu vers le milieu du xviiie siècle, dérive du latin Squalus fait référence à la peau rugueuse de ces animaux du fait des écailles cartilagineuses présentes sous la peau de leur corps.

Plusieurs espèces de requin comportent le terme requin dans l’un de leurs noms vernaculaires, par exemple : requin-marteau, requin-tigre, requin-pèlerin, mais ce n’est pas une généralité, il existe aussi des noms vernaculaires ne comprenant pas le terme requin comme dans le cas de maraîche, roussette, mako etc.

Source : Wikipédia

La croissance et l’enfance des requins

La croissance et l’enfance des requins

Naître et grandir. On a étudié, par exemple chez le requin citron Negaprion brevirostris la croissance des bébés squales. Elle est lente, bien plus lente que celle des jeunes poissons osseux.

 

reproduction-requin-7Au contraire de l’idée banale, qui voudrait en faire un perpétuel avale tout, le requin mange peu et assimile mal; cela dès l’enfance .

Un requin citron pèse 1,2 kgs à la naissance et à peine 2,5 kgs à 1 an, après avoir absorbé six fois son poids initial de nourriture .

L’animal grandit de 15 cms par an dans les premières années de sa vie et met 15 ans à atteindre sa taille adulte : 2,50 m. Pas plus de quatre ans chez de grands poissons osseux comme la morue, le saumon ou le thon… Cette vitesse de croissance est inférieure, aussi, à celle des mammifères marins. Elle se compare plutôt à celle de… l’homme, lui aussi très lent à grandir. L’aiguillat commun (Squalus acanthias) ne pousse guère que de 4 centimètres par an .

Lorsqu’ils sont jeunes, le grand requin blanc, les requins taupes et le peau bleue, plus actifs, croissent de 30 cm en 12 mois.

L’age de la maturité sexuelle varie, selon les espèces, entre 5 et 8 ans. Elle est de 2 à 3 ans pour le requin aiguille de l’Atlantique (Rhizoprionodon terraenovae) ou pour l’émissole étoilée (Mustelus manazo).

tigre bbL’espérance ce vie totale est en général, plus élevée pour les grands squales que pour les petits. De l’ordre de 15 ans à 30 ans pour les espèces de plus de 1,50m; de 10 à 15 pour celles qui mesurent moins.

On subodore des espérances de vie de 30 ans au moins, probablement près de 50 (voire davantage) pour les super prédateurs: grand requin blanc, requin tigre, grand requin marteau etc.

En la matière , le record semble appartenir à l’aiguillat commun (Squalus acanthias), qui n’est pas un géant du groupe, avec ses 1,60m, mais dont on a des raisons de croire qu‘il atteint ou même parfois dépasse le siècle ( enfin quand ils ne sont pas péchés…). L’un de ceux qui nagent encore dans l’Atlantique nord pourrait avoir contemplé le naufrage du Titanic !

Extrait La vie secrète des requins – Yves Paccalet – L’Archipel

Hiérarchie chez les requins

Hiérarchie chez les requins

Dominants, dominés : Chez les requins aussi !

Depuis que des plongeurs , des scientifiques, des cinéastes, des photographes descendent sous la surface observer ces animaux en leur royaume, on a mis en évidence, chez diverses espèces, des relations de domination . De Hiérarchie.

Dans la majorité des cas, on ignore tout bonnement si les squales établissent leur suzeraineté sur un territoire.

Lorsque c’est le cas, on ne connait pas la taille de ce fief, en longueur, largeur et profondeur. On ne sait pas s’il est âprement défendu, en toutes saisons et pendant combien d’années. Mais on a compris que des stratifications sociales existent à deux niveaux: entre espèces différentes, quand elles cohabitent, et au sein d’une même espèce…

La première forme de domination dépend surtout de la taille et la force des sujets : le requin blanc ou le requin tigre, monstres en puissance, s’imposent d’évidence au requin à pointes blanches, au requin dagsit, au requin cuivre ou au requin tisserand . Entre les espèces de longueur et de poids comparables, la hiérarchie s’écrit en fonction de la vitesse de nage et de l’agressivité. Voilà comment le longimane exerce sa suprématie sur le requin soyeux, pourtant presque aussi costaud que lui. Le requin dagsit , rapide, teigneux et agressif, ne se laisse pas aisément retirer la proie des mâchoires !

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Quand ils se nourrissent sur le même banc de poissons ou de calmars, le requin à pointes blanches a la priorité sur le requin des Galapagos, lequel prend l’avantage sur le requin bordé. A l’intérieur d’une même espèce, la hiérarchie existe probablement aussi , mais on ne l’a guère mis en évidence par des observations scientifiques.

Les adultes dominent les jeunes, et les plus forts s’imposent dans chaque tranche d’âge : mais c’est là une remarque qu’on peut appliquer à tous les animaux !

Les requins identifient les sujets de leur propre espèce. C’est une question d’organes des sens et d’instinct. Diverses marques particulières, telles que la forme du corps,la couleur de la peau,les traits ou points sur les flancs, les taches blanches ou  noires sur les nageoires, les odeurs (subtilement perçues) et les signatures électromagnétiques (dont nous n’avons même pas idée), leur permettent de reconnaitre sans erreur leurs congénères .

L’extrême finesse de leurs organes des sens laisse penser qu’ils pourraient discerner aussi chaque individu du groupe;du moins, ceux qu’ils côtoient le plus souvent. De là à penser qu’ils établissent entre eux des rapports sociaux relativement élaborés, il n’y a qu’un… coup de nageoire. Que peu de chercheurs osent donner !

Extrait « La vie secrète des requins « Yves Paccalet L’Archipel

Le petit appétit des squales

Le petit appétit des squales

Rares sont les squales qui ont le ventre plein lorsqu’on les pêche et qu’on étudie leur ration alimentaire. On a fait des observations et des calculs. Qui vont à l’encontre des réputations…

 

Chez les plus actifs du groupe, tel le requin taupe commun (Lamna nasus), l’estomac peut receler un gros repas, qui pèse environ 10% du poids du corps;mais la charge nutritive moyenne de la poche gastrique atteint à peine 2,5% de la masse globale. Pour survivre, un jeune requin-citron (Negaprion brevirostris) de 1 kilogramme doit avaler 17  grammes d’aliments quotidiens , qui lui  fournissent 21 kilocalories et représentent 1,7% du poids de son corps.

requin-citron-negaprion-brevirostris-01A l’âge adulte, ces besoins journaliers augmentent dans l’absolu ,mais diminuent de façon relative, jusqu’à ne plus  valoir que 0.5 à 1% du poids du corps. Le requin est un frugal mangeur. Les laminés (requins-taupes, grand requin blanc) et les alopiidés (requins-renards), les plus exigeants en énergie, ont besoin d’une ration quotidienne qui équivaut à 2,5% de leur poids; en un an , cela fait mois de 10 fois leur masse.

Un requin taupe de 70 kgs dévore en moyenne  1,5 kgs de nourriture par jour , soit un peu moins de 8 fois son poids à l’année. Sa ration est nettement inférieure à celle d’un mammifère omnivore de masse comparable. L’homme, pour citer cet exemple, ingurgite environ 2kgs par jour, soit 10 à 12 fois son poids par an.

 

L’homo sapiens accuse le squale d’être un goinfre, mais, ici, comme dans les cours d’école, c’est celui qui le dit qui est !

grande_483_burger_maison_FR_ROC_rosti_oignon_cheese_burger_10Les oiseaux (surtout les passereaux) et les petits mammifères (rongeurs,insectivores) engloutissent encore davantage .Ils avalent chaque jour pour 25% (jusqu’à 50%) de leur poids  corporel;soit, en un an, de 90 à 180 fois leur masse…

Si l’on emploie les mots appropriés, force est de constater que le « gentil » moineau ou la « mignonne » souris ont un appétit dix à vingt fois plus « féroce » que le squale « assoiffé  de sang » !

Certes, le requin bleu, le requin-tigre ou le grand requin blanc sont capables de banquets dignes de Gargantua. Ils ne mangent pas souvent : mais si l’occasion se présente, ils s’empiffrent !

 

requin peau bleueLe loup, le tigre ou le lion n’agissent pas autrement. Un lion de 250 kgs réussit à engloutir plus de 30 ou 40 kgs de viande,s’il sort d’une disette et que son clan tue un zèbre ou un gnou.

On a vu un grand requin blanc avaler, en quelques heures, une quantité de chair de baleine apte à couvrir ses besoins nutritionnels pendant 2 mois ! Belle digestion à venir…

Les requins-tigres qui guettent l’envoi des jeunes albatros de Laysan, à Midway, à l’ouest d’Hawaii , dévorent des dizaines de poussins pendant le peu de jours printaniers où ces agapes leur sont offertes.

 

Photo TB fAce

On a observé des requins bleus en train de se gaver en taillant à pleine gueule dans de grands bancs de calmars, au large de la Californie, près des Açores  ou dans les eaux de la Nouvelle Zélande. La nuit, sous la Lune, les squales foncent telles d’énormes flèches dans les bancs de céphalopodes en plein congrès d’amour . Ils avalent, avalent,avalent, jusqu’à ce que leur estomac déborde: les mollusques leur ressortent littéralement du gosier.

D’autres scènes, dans la baie australienne de Nullarbor ou près de côtes d’Afrique du Sud, montrent des migrations prodigieuses d’anchois ou de sardines, en bancs compacts qui ressemblent à des monstres obscurs. Ces concentrations de proies attirent les prédateurs, des espadons aux globicéphales, aux dauphins tursiops et aux rorquals tropicaux. Et, bien sûr, les requins ..;Requins sombres (Carcharhinus obscurus), requins à pointe noires (C.Melanopterus), requins longimanes (C.longimanus) et autres qui plongent dans l’amas grouillant des poissons grégaires, et se gobergent jusqu’à ne pouvoir quasiment plus nager, tant ils sont remplis…

Ces frénésies alimentaires sont rares

Loin d’engloutir sans cesse (comme on l’imagine), loin même de faire un repas par jour, les requins ne mangent que de temps à autre. Il leur arrive de jeûner pendant des semaines. En moyenne, ils prennent un repas tous les 3 jours, d’une masse qui avoisine 3% de leur poids corporel.

Le requin gris (Carcharhinus plumbeus) digère ce repas en 24H, et en évacue les résidus en 3 jours . La vitesse de digestion dépend beaucoup de la température de l’eau ambiante. L’aiguillat commun (Squalus acanthias) assimile en 3 jours dans une mer à 20° c, en 5 dans une eau à 10 °c …

Extrait La vie Secrète des Requins. Yves Paccalet. Editions L’Archipel .