Le rôle des requins dans les récifs coralliens et la production d’oxygène

Publié le 1 Nov, 2019

Super prédateurs indispensables, les requins ont des rôles parfois insoupçonnés. Leur disparition entraînerait des conséquences terribles pour l’écosystème, et menacerait même la vie de nombreuses autres espèces. Pour rappel, pas moins de 17 espèces de requins et de raies sont actuellement considérées à risque d’extinction selon l’UICN.

 

Ces derniers jouent un rôle clef dans la vie des coraux, les aidant à se régénérer et même à leur fertilisation. Mais pas seulement. Ils participent également, en tant que régulateur des espèces, à maintenir une bonne production d’oxygène.

Les requins, fertilisateurs de coraux

Les déplacement des animaux entraînent un impact écologique positif et facilitent certains processus. C’est ce dont parle une étude menée par une équipe de chercheurs anglais et américains, publiée le 21 mars 2018 sur The Royal Society Publishing. Elle explique comment les déplacements des requins gris de récifs (Carcharhinus amblyrhynchos) jouent un rôle sur la fertilisation des coraux. Cette dernière a pris lieu dans l’Atoll Palmyra, non exploité du point de vue de la pêche, dans l’océan Pacifique Nord. Les requins y déposent des nutriments par l’intermédiaire de leurs déplacements entre la zone pélagique et le récif. Ce qui fertiliserait naturellement le corail. « Nous avons appliqué la théorie des réseaux à quatre années de données de télémétrie acoustique pour les requins gris (Carcharhinus amblyrhynchos) […] afin d’évaluer leur rôle potentiel dans la dynamique des éléments nutritifs dans cet écosystème éloigné », peut-on y lire.

La télémétrie évoquée ici, correspond en fait à une technique permettant la réalisation de projets sur de grandes distances géographiques. Les suivis sont alors en 2D et 3D. Cette étude menée sur les individus marqués, au niveau de la population, « suggère que la consommation de proies et leur déjections ultérieurs » entraînent un dépôt d’azote. Et pas des moindres. Ce serait en effet 94.5kg d’azote qui auraient été quotidiennement déposés autour de l’atoll. Ceci joue un rôle fertilisateur important. Un exemple de plus de l’importance fondamentale qu’ont les requins, au sein du réseau trophique marin au sommet de la chaîne alimentaire.

Une aide à la régénération

Une nouvelle fois, la disparition des requins aurait un impact au niveau du corail. En effet, par effet de cascade, s’il y a moins de requins il y aura moins de poissons herbivores. Et pour cause, ces derniers sont prédatés par les poissons carnivores, dont la population est régulée par les requins. Autrement dit, moins de requins = plus de poissons carnivores = moins de poissons herbivores. Or, ces derniers sont essentiels dans la reconstitution du corail. Quand il meurt, à cause d’un phénomène naturel (comme un cyclone par exemple) ou par des causes anthropiques, des algues viennent s’y fixer. Celles-ci « étouffent » le corail et l’empêchent de récupérer.

Un problème est également posé au moment de la fixation puis du développement des scléractiniaires (anciennement madréporaires). Des coraux de l’ordre scleractinia, qui regroupe les coraux durs. Les poissons herbivores dont il est question ici, mangent cette algue et permettent donc au corail une régénération. Ce qui ne serait plus possible si ces derniers venaient à disparaitre, décimés par les poissons carnivores qui seraient alors en surnombre. Une étude publiée en 2013, dans la revue PlusOne, en fait part. On y découvre que pour ce faire, les scientifiques ont  utilisé des programmes de surveillance sur une durée de 10 ans. Ont été étudiés : « Les effets combinés des perturbations chroniques (élimination des requins) et des impulsions (cyclones, blanchiment) sur la structure trophique des poissons de récif corallien sur deux atolls isolés au large de la côte nord-ouest de l’Australie ».

Les preuves cohérentes quant à l’hypothèse selon laquelle la « perte des requins peut avoir un impact qui se propage dans la chaîne alimentaire » y sont apportées. Cette perte contribuerait potentiellement à la « libération de mésoprédateurs et modifier le nombre de consommateurs primaires ». Quant aux requins, «  Étant donné que leur présence peut favoriser l’abondance d’herbivores, l’élimination des requins par la pêche a des conséquences sur les perturbations naturelles et anthropiques entraînant la perte de coraux, car les herbivores sont essentiels au progrès et au résultat du rétablissement du corail ».

Poumons verts, poumons bleus

Certes, c’est l’expression « poumons verts » de la planète qui est la plus entendue. Ceci dit, bien que les végétaux terrestres et les forêts produisent de l’oxygène, il en va de même pour l’océan. Ce, avec les phytoplanctons (autrement dit, les cyanobactéries et microalgues). Son étymologie en dit long. Le mot est en effet composé de « phyto », plante, et de « planktos », errante. Ces derniers vivent en effet en suspension. En plus d’être à la base de la chaîne alimentaire marine, il est donc un producteur d’oxygène.

En fait, le phytoplancton absorbe le CO2 et produit et rejette ensuite de l’oxygène quand il y a de la lumière. Il joue donc un rôle essentiel dans la production d’oxygène et fournirait à la planète au moins 50% de celui-ci (les chiffres varient selon les études). La surpêche et la disparition de requins auraient ici, encore une fois, des conséquences catastrophiques.

L’équation est simple, moins ou plus de top prédateurs entraînerait un écosystème perturbé ainsi que la prolifération et la disparition d’autres espèces. En bout de chaîne, nous retrouvons le plancton. Il est dont absolument indispensable de conserver les top prédateurs afin que l’équilibre soit conservé et que la production d’oxygène ne soit pas changée.

MH


The role of sharks in coral reefs and in oxygen production

Super predators, sharks sometimes have unsuspected roles. Their disappearance would have terrible consequences for the ecosystem, and would threaten the lives of many other species. As a reminder, no less than 17 species of sharks and rays are currently considered at risk of extinction according to IUCN. They play a key role in the life of corals, helping them regenerate and even fertilize them. But not only. They also participate, as a species regulator, in maintaining good oxygen production.

Sharks, coral fertilizers

Movement of animals has a positive ecological impact and facilitates certain processes. This is what a study by a team of British and American researchers, published March 21, 2018 on The Royal Society Publishing, discusses. She explains how the movements of gray reef sharks (Carcharhinus amblyrhynchos) play a role in coral fertilization. The latter took place in the Palmyra Atoll, not exploited from the fishing point of view, in the North Pacific Ocean. Sharks deposit nutrients through their movements between the pelagic zone and the reef. Which would naturally fertilize the coral. « We applied network theory to four years of acoustic telemetry data for gray sharks (Carcharhinus amblyrhynchos) […] to assess their potential role in nutrient dynamics in this remote ecosystem », we can read. The telemetry mentioned here, in fact corresponds to a technique allowing the realization of projects over large geographic distances. Tracks are then transmitted in 2D and 3D. This study conducted on individuals marked at the population level « suggests that the consumption of prey and their subsequent excrement » result in nitrogen deposition. This is indeed 94.5kg of nitrogen that would have been deposited daily around the atoll. This plays an important fertilizing role. One more example of the fundamental importance of sharks in the marine food web at the top of the food chain.

A help with regeneration

Once again, the disappearance of sharks would have an impact on corals. Indeed, by cascade effect, if there are fewer sharks there will be less herbivorous fish. And for good reason, these are predated by carnivorous fish, whose population is regulated by sharks. In other words, fewer sharks = more carnivorous fish = less herbivorous fish. However, these are essential in the coral re-establishment. When it dies, because of a natural phenomenon (like a cyclone for example) or by anthropogenic causes, algae come to settle there. These smother the coral and prevent it from recovering. A problem is also posed at the time of fixation and development of scleractinians (formerly madreporary). Corals of the order Scleractinia, which includes hard corals. The herbivorous fish in question here, eat this seaweed and thus allow the coral regeneration. Which would not be possible if they were to disappear, decimated by carnivorous fish that would then be in excess. A study published in 2013, in the journal PlusOne, is part of it. It reveals that to do this, scientists have used surveillance programs over a period of 10 years. The combined effects of chronic disturbances (shark removal) and impulses (cyclones, bleaching) on ​​the trophic structure of coral reef fish on two isolated atolls off the north-west coast of Australia were studied. . Coherent evidence of the assumption that « shark loss can have an impact spreading through the food chain » is provided. This loss would potentially contribute to the « release of mesopolders and change the number of primary consumers ». As for sharks, « Given that their presence may favor the abundance of herbivores, the elimination of sharks by fishing has consequences for natural and anthropogenic disturbances resulting in the loss of corals, because herbivores are essential for progress and to the result of coral recovery « .

Green lungs, blue lungs

Certainly, it is the expression « green lungs » of the planet that is most heard. That said, although terrestrial plants and forests produce oxygen, the same goes for the ocean. This, along with phytoplankton (ie, cyanobacteria and microalgae). Its etymology speaks volumes. The word is indeed composed of « phyto », plant, and « planktos », wandering. They live in suspension. In addition to being at the base of the marine food chain, he is therefore an oxygen producer. In fact, phytoplankton absorb CO2 and then produce and release oxygen when there is light. It plays a vital role in the production of oxygen and provides the planet at least 50% of it (the figures vary depending on the studies). Overfishing and the disappearance of sharks would have, here again, catastrophic consequences. The equation is simple, fewer or more top predators would result in a disrupted ecosystem as well as the proliferation and disappearance of other species. At the end of the chain, we find the plankton. It is absolutely essential to keep the top predators so that the balance is preserved and the oxygen production is not changed.

MH

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